L’endométriose est une pathologie encore méconnue des professionnels de santé, trop souvent sous-diagnostiquée et assez mal prise en charge. Pourtant, elle touche plus de 10% des femmes en âge de procréer, soit 1,5 à 2,5 millions de femmes en France1.
Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’endométriose est une maladie gynécologique qui résulte de la migration de cellules semblables à l’endomètre (muqueuse utérine) hors de l’utérus. Ces cellules peuvent ainsi s’implanter sur d’autres organes génitaux, (ovaires, vagin, trompes…) mais également au niveau des organes digestifs et urinaires voire, dans de rares cas, plus à distance (diaphragme, poumons…). Il peut aussi arriver que des cellules de l’endomètre s’enfouissent profondément dans le muscle de l’utérus lui-même. On parlera alors d’endométriose interne ou d’adénomyose. La présence de ces cellules hors de la cavité intra-utérine constitue un véritable problème. En effet, à l’instar de leur tissu d’origine, celles-ci réagissent aux stimulations hormonales liées aux cycles menstruels : des saignements se manifestent au moment des règles, déclenchant des réactions inflammatoires et des lésions à l’origine de cicatrices fibreuses à chaque cycle menstruel.
Si dans 20% des cas l’endométriose reste asymptomatique, cette pathologie demeure souvent la cause de fatigue chronique, de dysménorrhées, de dyspareunies (relations sexuelles douloureuses), de douleurs pelviennes invalidantes ou encore de troubles de la fertilité. L’inflammation des tissus atteints peut également être source de douleurs, tout comme les cicatrices qui peuvent se superposer et former des nodules et des kystes, eux aussi à l’origine de souffrances parfois aigües. Cette diversité des signes cliniques peut rendre le diagnostic de l’endométriose très complexe. On estime d’ailleurs que le délai entre le début de la maladie et son diagnostic est en moyenne de 7 ans !
Que faire pour l’endométriose ?
L’endométriose est une maladie multifactorielle, résultant de paramètres génétiques et environnementaux, dont la pathogénèse est encore incertaine. A ce jour, il n’existe aucun traitement définitif, même si la chirurgie et l’hormonothérapie peuvent endiguer l’évolution de cette maladie durant plusieurs mois ou années selon les cas. Afin de retrouver un certain confort et atténuer les douleurs au quotidien, la qualité de l’hygiène de vie semble primordiale. De nombreuses femmes voient leurs douleurs diminuer significativement et recommandent vivement l’utilisation d’un ensemble de solutions naturelles telles que la mise en place d’une alimentation adaptée, la micronutrition ainsi que de nombreuses techniques douces (acupuncture, ostéopathie, hypnose, méditation…). Cette approche intégrative entend apporter un bénéfice aux personnes touchées par l’endométriose et peut contribuer à compléter l’effet thérapeutique des traitements conventionnels ou à en atténuer les éventuels effets indésirables. Cela leur permet de mieux pouvoir gérer la maladie et leurs symptômes, de regagner confiance en leur corps et en leurs capacités ainsi que de gagner en autonomie.
L’alimentation :
Les douleurs liées à l’endométriose résultent de l’inflammation présente au niveau des tissus impactés. Opter pour une alimentation anti-inflammatoire constitue donc la 1ère stratégie à adopter. Pour ce faire, optimisez vos apports de fruits, de légumes, d’herbes aromatiques et d’épices. Préférez l’agriculture biologique afin d’éviter les expositions aux produits chimiques et aux perturbateurs endocriniens (pesticides, additifs…). A l’inverse, les aliments connus pour entretenir un terrain inflammé (produits laitiers, viande rouge, sucres raffinés, gluten, aliments industriels transformés, acides gras Trans…) sont à limiter. Les lipides et plus précisément les acides gras essentiels jouent un rôle important dans les processus inflammatoires. En effet, les oméga-6 et leurs dérivés ont tendance à avoir une action pro-inflammatoire lorsqu’ils sont en excès. Ils doivent donc être diminués, au profit des oméga-3 qui sont, au contraire, modulateurs de l’inflammation. Les meilleures sources d’oméga-3 sont les poissons gras (tels que les sardines, maquereaux, hareng…), ainsi que les oléagineux et les huiles riches en acide alpha-linolénique (noix, amande, cameline, chia…). Une supplémentation en EPA et en DHA peut également s’avérer très pertinente. Par ailleurs, des scientifiques ont démontré que la diminution d’oméga-6 au profit des oméga-3 réduirait le risque d’endométriose et l’aggravation des symptômes2.
L’hygiène de vie :
La femme moderne est régulièrement soumise à des substances mimant l’action des œstrogènes. Ces perturbateurs endocriniens sont à éviter au maximum lorsque l’on souffre d’endométriose : produits cosmétiques, nettoyants ménagers, pesticides agro-alimentaires, matières plastiques… Privilégiez le bio pour les fruits et les légumes et tournez-vous vers des protéines animales garanties sans hormones. La qualité doit prendre le dessus sur la quantité. Débarrassez-vous également des contenants plastiques pour le stockage des aliments (film plastique, récipients hermétiques…). Concernant les crèmes et les produits cosmétiques, soyez attentifs à la composition. Les produits ayant une liste d’ingrédients simple et courte sont souvent moins susceptibles de contenir de nombreux perturbateurs endocriniens. Il existe aussi de nombreuses recettes sur internet pour faire facilement ses propres cosmétiques et produits ménagers. Cette alternative est un gage de qualité, vous donnant l’assurance d’une composition plus saine, maîtrisée, avec des ingrédients naturels personnalisés selon vos propres besoins.
L’endométriose est une pathologie épuisante aussi bien physiquement que moralement. Une activité de relaxation régulière est donc recommandée afin de gérer la douleur et limiter l’impact négatif du stress. Le stress sous toutes ses formes augmente l’inflammation et donc la douleur. Un travail en profondeur peut être nécessaire (psychothérapie, hypnothérapie, mémoire cellulaire…). Une bonne gestion du stress passe aussi par une bonne hygiène mentale : penser positivement, s’oxygéner très régulièrement, être en contact avec la nature, travailler son estime de soi…
Pensez également à l’ostéopathie qui, lorsqu’elle est effectuée par un spécialiste, peut aider à soulager l’endométriose notamment en libérant les adhérences qui ont pu se former au fil des mois et relancer la dynamique de mobilité dans les différentes zones touchées (bassin, pelvis, périnée, vessie…). Enfin, gardez en tête que les apports du médecin, du naturopathe, du réflexologue ainsi que des autres thérapeutes sont d’autant plus efficaces lorsqu’ils sont réalisés en synergie, dans une approche globale de la personne et de la maladie !
Quelles sont les plantes efficaces contre l’endométriose ?
De nombreuses plantes peuvent également participer à la prise en charge des problématiques liées à l’endométriose. Ainsi, il est possible de citer le fruit du myrobolan chébule produit par un arbre nommé Haritaki par la médecine Ayurvédique. Celui-ci est réputé pour sa capacité à éliminer en douceur les toxines et à fortifier les tissus, tout en soutenant la fonction hépatique et digestive. Il a été démontré que l’acide chebulagique contenu dans ce fruit exerce un effet anti-angiogénique3 (qui lutte contre les processus de croissance de nouveaux vaisseaux sanguins, facteur clé de la propagation des lésions endométriales). Il agit également sur l’équilibre émotionnel en soutenant le système nerveux central et en améliorant la résistance de l’organisme face au stress.
Le gattilier est une plante alliée des femmes dont les vertus sont connues depuis plus de 2000 ans. Il contribue à la régularisation des cycles menstruels et soulage les syndromes prémenstruels (fatigue, tensions mammaires, irritabilité, maux de tête, ballonnement abdominal…)4. Il est également réputé pour son action de régulateur hormonal, en lien avec les troubles du cycle menstruel féminin. En effet, le gattilier possède un effet stimulant sur la production de progestérone, ce qui maintient la synthèse d’œstrogènes sous contrôle (un excès d’oestéogènes induit généralement une augmentation du volume de l’endomètre, typique de l’endométriose).
L’achillée millefeuille est une plante utilisée depuis des milliers d’années pour lutter contre les fortes douleurs menstruelles. Aujourd’hui, la Commission E reconnaît son usage en cas de perte de l’appétit, de dyspepsie et de douleurs menstruelles. Par ailleurs, il s’agit d’une plante décongestionnante de l’utérus. Elle est couramment utilisée pour gérer le flux de manière à ce qu’il ne soit pas hémorragique. Antispasmodique des muscles lisses utérins, l’achillée millefeuille apaise les crampes abdominales périodiques chez les femmes.
La racine de réglisse va soutenir la fonction de l’ensemble reproducteur et possède des propriétés antioxydantes significatives. Elle est traditionnellement employée pour traiter divers troubles associés au cycle menstruel grâce à la glycyrrhizine (principe actif de la réglisse) qui abaisserait les taux d’œstrogènes tout en faisant augmenter ceux de la progestérone5. Par ailleurs, une étude a démontré que la glycyrrhizine inhibe la production de médiateur inflammatoire dans les cellules épithéliales endométriales6.
Quels sont les solutions micronutritionnelles contre l’endométriose ?
Concernant les apports micronutritionnels, le gallate d’épigallocatéchine (EGCG) issu du thé vert constitue une aide précieuse dans la prise en charge naturelle de l’endométriose. Il s’agit d’un antioxydant puissant et efficace sur l’endométriose. Ce flavonoïde est capable d’agir sur les récepteurs aux œstrogènes et de moduler leurs actions. De plus, plusieurs équipes de chercheurs ont démontré que l’EGCG pouvait ralentir ou bloquer la progression de la maladie en inhibant l’angiogenèse dans les implants endométriosiques7,8.
Enfin, le Pycnogenol® est un extrait naturel standardisé d’écorce de pin maritime français qui possède une activité anti-inflammatoire naturelle. L’efficacité de Pycnogenol® pour soulager les douleurs menstruelles, les dysménorrhées, ainsi que les femmes souffrant d’endométriose diagnostiquée, a été démontré dans plusieurs essais cliniques contrôlés9,10. La prise quotidienne de Pycnogenol® n’a pas provoqué d’effet rebond de la douleur. Au contraire, après l’arrêt du traitement par Pycnogenol®, l’effet apaisant a persisté à long terme et était encore perceptible par les participantes plusieurs semaines après la fin du traitement.
Quels sont les oligo-éléments contre l’endométriose ?
Du coté des oligo-éléments, le zinc participe à une meilleure synthèse des hormones limitant, entre autres, une production accrue d’œstrogènes. Il agit également sur les protéines engagées dans la régulation de l’apoptose et pourrait donc limiter le développement des lésions endométriales. Le manganèse, quant à lui, contribue à la formation normale du tissu conjonctif utérin. Il agit également sur la prolifération des cellules endométriales en réduisant le stress oxydatif.
Références :
- Ministère des solidarités et de la santé. Prendre en charge l’endométriose. 02.2020.
- Khanaki K & al. Evaluation of the relationship between endometriosis and omega-3 and omega-6 polyunsaturated fatty acids. Iran Biomed J. 2012;16(1):38-43.
- Athira AP. et al, Inhibition of Angiogenesis In Vitro by Chebulagic Acid: A COX-LOX Dual Inhibitor. Int J Vasc Med. 2013;2013:843897. Epub 2013 Oct 31.
- Loch EG, Selle H, Boblitz N. Treatment of premenstrual syndrome with a phytopharmaceutical formulation containing Vitex agnus castus.J Womens Health Gend Based Med 2000 Apr;9(3):315-20.
- Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, troisième édition, 2006.
- Xu H, Lui WT, Chu CY, Ng PS, Wang CC, Rogers MS. Anti-angiogenic effects of green tea catechin on an experimental endometriosis mouse model. Hum Reprod. 2009 Mar;24(3):608-18. Epub 2008 Dec 16.
- Wang XR, Hao HG, Chu L. Glycyrrhizin inhibits LPS-induced inflammatory mediator production in endometrial epithelial cells. Microb Pathog. 2017 Aug;109:110-113. doi: 10.1016/j.micpath.2017.05.032. Epub 2017 May 25. PMID: 28552807.
- Xu H et al. Green tea epigallocatechin-3-gallate inhibits angiogenesis and suppresses vascular endothelial growth factor C/vascular endothelial growth factor receptor 2 expression and signaling in experimental endometriosis in vivo. Fertil Steril. 2011 Oct;96(4):1021-8.
- Kohama T, Suzuki N, The treatment of gynaecological disorders with PycnogenolR. Eur Bull Drug Res 7(2): 30-32, 1999.
- Kohama T, Herai K, Inoue M. Effect of French maritime pine bark extract on endometriosis as compared with Leuprorelin acetate. J Rep Med, in print, 2007.
Crédit photo : Pycnogenol