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Methylation

Depuis plus d’un demi-siècle, la chimie du vivant explore et étudie un grand nombre de processus biologiques cellulaires et moléculaires, ouvrant ainsi la voie à une meilleure compréhension de l’organisme dans son ensemble. C’est le cas notamment des réactions de méthylation, dont la recherche scientifique a permis de comprendre les mécanismes complexes et de mettre en avant leur grand intérêt pour la médecine préventive et curative. Souvent moins connues que les réactions d’oxydation ou de glycation, elles sont pourtant tout aussi essentielles à la vie. Sans elles, il serait impossible de rester en bonne santé !

Qu’est-ce que la méthylation ?

Il s’agit d’un processus métabolique vital qui se déroule de manière naturelle des milliards de fois par seconde dans toutes les cellules de notre organisme. Concrètement, les réactions de méthylation consistent au transfert d’un groupement d’atomes appelé « méthyle », d’une molécule à une autre.

Cette transmission va alors conditionner certaines fonctions biologiques comme la synthèse et la régulation de nombreuses molécules (hormones, neurotransmetteurs…), la détoxification du foie grâce à la production de glutathion (molécule antioxydante) ou encore la dégradation de l’histamine dans l’intestin. De nombreuses publications scientifiques confirment également le rôle prépondérant de la méthylation dans la modulation de l’expression de certains gènes de notre ADN par la voie épigénétique. Il s’agit d’une forme d’hérédité allant au-delà de la « fatalité » des gènes et qui pourrait expliquer l’impact de l’environnement sur l’apparition de certains troubles, parfois transmis sur plusieurs générations.

Quels sont les troubles de la méthylation ?

Comme dans toutes réactions chimiques, la méthylation aboutit à la production de molécules transitoires vouées à être transformées ou excrétées. Ainsi, le principal « déchet » de la méthylation se présente sous la forme d’un acide aminé nommé homocystéine. Bien que le  corps soit naturellement doté de plusieurs voies d’élimination et de recyclage, de nombreux facteurs peuvent impacter ces processus et engendrer un excès d’homocystéine : prédispositions génétiques chez près de 40 % de la population, alimentation déséquilibrée (déficit micronutritionnel, excès de protéines animales…), toxicité environnementale (perturbateurs endocriniens, alcool, tabac, stress…), prise de certains médicaments (IPP, contraceptifs oraux, statines…).

Un excès d’homocystéine s’avère néfaste pour le corps humain. En effet, ce désordre métabolique est à l’origine de conséquences pathologiques dont les manifestations peuvent toucher de multiples systèmes organiques (stress oxydant, neurotoxicité, inflammations, lésions des parois veineuses et artérielles…). Une hyperhomocystéinémie est donc associée à de nombreux troubles cardiovasculaires (hypertension, thrombose, AVC…) mais également à des pathologies neurologiques et psychologiques (dépression, Alzheimer…).

Chez la femme enceinte, des perturbations au sein des réactions de méthylation peuvent également avoir des conséquences importantes sur le développement et la viabilité du fœtus.

Enfin, le vieillissement s’accompagne fréquemment d’un état de méthylation altéré, faisant écho aux maladies liées à l’âge comme l’athérosclérose, l’ostéoporose ou encore certains cancers. Le dosage sanguin du taux d’homocystéine est d’ailleurs un véritable marqueur de santé. Il apparaît donc primordial de maintenir un niveau d’homocystéine bas, reflétant un bon recyclage de l’homocystéine ainsi qu’une capacité de méthylation équilibrée dans le corps.

Comment lutter contre les désordres de méthylation ?

Pour prévenir les dysfonctionnements de méthylation et tous leurs effets délétères, il est important de veiller à ce que les cellules disposent d’une source suffisante de nutriments (bétaïne, choline, SAMe…) et de micronutriments (vitamines B2, B6, B9, B12, zinc…) essentiels à une bonne méthylation et à un bon recyclage de l’homocystéine.

Toutefois, notre alimentation moderne ne couvre que rarement l’intégralité de nos besoins en folates (famille des vitamines B9) et plus globalement en vitamines du groupe B. Bien qu’il soit toujours préconisé d’ingérer régulièrement des sources alimentaires riches en ces nutriments, une supplémentation peut tout de même s’avérer judicieuse pour remédier aux excès en homocystéine et équilibrer l’ensemble des mécanismes de méthylation.

Plusieurs études ont d’ores et déjà démontré l’intérêt d’une telle supplémentation dans le traitement de l’infertilité ainsi que pour prévenir la survenue d’évènements cardiovasculaires et de troubles cognitifs. Il est important de noter que le choix d’une supplémentation raisonnée doit passer par le choix d’une formule contenant, a minima, les vitamines du groupe B sous forme méthylées, ainsi que les ingrédients essentiels aux processus de méthylation (SAMe, bétaïne, choline).

 

Références :

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