L’homéopathie est née grâce à un médecin allemand, le Dr Hahnemann (1755-1843). Celui-ci s’étonne en 1796 que le Quinquina, plante très utilisée à cette époque, pouvait selon la dose utilisée, soit soigner certaines fièvres soit les provoquer. De cette observation, va naître la loi de similitude fondement de cette nouvelle médecine : « ce qui peut rendre malade à forte dose peut guérir à faible dose ».
De cette théorie de base vont découler les grands principes de l’homéopathie.
Un des principes fondamentaux de l’homéopathie repose sur la notion de constitution minérale.
Cependant la conception des constitutions n’a jamais fait l’unanimité du monde homéopathique. En effet ces notions sont apparues après la disparition de Samuel Hahnemann.
Comment est née la conception des constitutions en homéopathie ?
La première esquisse d’une conception constitutionnelle est proposée par le médecin homéopathe allemand Grauvogl, dans la seconde partie du XIX° siècle. Grauvogl était un biochimiste éminent et a tenté d’expliquer les trois miasmes d’Hahnemann par trois états biochimiques : hydrogénoïde, oxygénoïde et carbo-nitrogène. Chaque état exprimait une prédominance d’un élément biochimique, respectivement l’hydrogène, l’oxygène et pour le troisième le carbone et l’azote associés.
Antoine Nebel était un médecin homéopathe éminent et un auteur qui a marqué considérablement de son influence l’évolution des conceptions homéopathiques, sur plusieurs plans importants.
Antoine Nebel avait constaté comme les autres praticiens que le « type sensible » de certains médicaments d’origine minérale, essentiellement les trois sels de calcium = le carbonate, le phosphate et le fluorure, correspondait à trois types morphologiques.
Le type sensible de CALCAREA CARBONICA correspond à un sujet bréviligne, trapu, lymphatique et lent dans toutes ses activités.
Le type sensible de CALCAREA PHOSPHORICA correspond à un sujet longiligne, maigre, facilement anémique et fatigable, etc.
Et enfin, le type sensible de CALCAREA FLUORICA correspond à un sujet de morphologie dystrophique, enclin aux hyperlaxités ligamentaires, un peu instable et aux réactions souvent imprévisibles.
Antoine Nebel a retenu particulièrement ces trois sels de calcium parce que l’on pensait à l’époque qu’ils jouaient un rôle éminent dans l’ostéomorphogénèse, ce qui est certain pour les deux premiers, un peu moins pour de dernier. Nebel propose alors une conception des constitutions humaines, basées sur la correspondance entre les types sensibles de trois CALCAREA utilisés largement en homéopathie et leur rôle respectif dans la croissance osseuse.
Il décrit alors trois constitutions minérales de base = la constitution carbonique, la constitution phosphorique et la constitution fluorique.
Les constitutions
La constitution de l’individu représente le terrain fondamental, le matériau de construction, en quelque sorte, sur lequel vont se développer les maladies. Les tissus vivants, en particulier les os et les dents, intègrent dans des proportions et combinaisons variables des éléments tels que carbone, phosphore et fluor. Ainsi nous n’avons pas tous la même physionomie et 3 grands types de constitutions homéopathiques ont été déterminés:
- La constitution carbonique
- La constitution phosphorique
- La constitution fluorique
Il existe une quatrième constitution, la plus rare de toutes : le type Sulfurique. Évoqué à titre anecdotique, le sujet Sulfurique ne présente aucune faiblesse constitutionnelle particulière. Bien équilibré physiquement et psychiquement, il n’est toutefois pas à l’abri des pathologies de dérive liées au mode de vie.
La constitution sulfurique (ou normoligne) correspond aux sujets à la morphologie osseuse parfaite et équilibrée. Le sulfurique est de taille et de poids moyen, son aspect est harmonieux et son visage a une forme plutôt rectangulaire.
Ses mains sont équilibrées, avec une hauteur des doigts sensiblement identique à celle de la paume.
Ses dents sont carrées, solides et bien blanches. Son occlusion dentaire est parfaite.
Les sulfuriques ont pour point commun les réactions vives et sthéniques, d’où une tendance pathologique aux manifestations congestives, spasmodiques et aux suppurations (eczémas, allergies, furoncle, HTA, hémorroïdes…). Il est thermophobique et a une attirance accentuée envers le sucre. Il est très vif d’esprit mais a un sommeil très léger.
Au point de vue comportemental, le sulfurique est un sujet qui se contrôle bien, optimiste et modéré par la raison. La décompensation risque de se faire vers les excès charnels ou une opiniâtreté.
Il existe en réalité plusieurs types de sulfuriques (le sulfur neutre, le sulfur maigre, le sulfur gras, le sulfur froid…) avec des tendances pathologiques différentes.
Le sulfur maigre présente par exemple un déséquilibre endocrinien avec hyperthyroïdie alors que le sulfur gras est sujet au syndrome métabolique.
Portraits selon Henri Bernard
Figure 4 = Sulfur neutre en équilibre.
Figure 5 = Sulfur neutre, début d’atteinte hépatique type Nux vomica.
Figure 6 = Sulfur gras avec artériosclérose type Nux vomica, Sulfuric acid., Sulfur.
Figure 7 = Sulfur gras pléthorique type Sulfur et Natrum sulfuricum.
Figure 8 = type mixte Sulfur ou Thuya.
Figure 9 = Sulfur froid, ancien adénoïdien type Hepar sulfur.
A l’image de l’humanité toute en nuances, les types sont très rarement pures. Le plus souvent, les constitutions Carbonique, Phosphorique et Fluorique sont combinées entre elles, à des degrés variables, où l’une domine les autres.
- Carbo-Fluorique, par exemple, est une base de Carbonique teintée de fluorisme, le sujet est alors de petite taille, présentant quelques asymétries (et faiblesses de terrain associées).
- Phospho-Carbonique, si l’individu a une constitution de base Phosphorique (buste élancé) avec une influence Carbonique (membres courts, hypolaxité), etc.
La constitution carbonique ou breviligne
La constitution carbonique correspond aux sujets brévilignes, courts, trapus et solides.
Les mains sont courtes et carrées avec des doigts courts. Le visage est large, de forme carrée ou ronde.
L’étage inférieur de la face est le plus développé.
Il est caractérisé par une hypolaxité ligamentaire donnant des articulations serrées et raides. Sa démarche est régulière.
La denture du Carbonique est blanche et régulière, solide, bien minéralisée mais avec des caries du collet.
Le trouble de la vue qui lui est souvent associé est la myopie.
Sa démarche est lente, pesante et rigide. Il avance lentement mais sûrement (bulldozer). On dit de lui : « Esprit carré dans un corps rond ».
Psychologiquement, il est rigide, mais il est très respectueux et optimiste. Il s’agit de personnes plutôt de caractère calme, agréable et se souciant peu de leur santé.
Il est passif et s’économise, physiquement et intellectuellement, mais ça ne l’empêche pas d’être brillant et persévérant. Il aime la paix et recherche la tranquillité. C’est un réalisateur méthodique, efficace ou au contraire paresseux et indifférent.
Les sujets sont en général frileux, mais craignent la chaleur.
Les Carboniques sont enclins aux excès de table et ont souvent pour point commun une fragilité des articulations et de l’appareil digestif. Chez eux, l’élimination est mauvaise. En conséquence, ils ont tendance aux maladies métaboliques et nutritionnelles : obésité, diabète, hypercholestérolémie, atteintes cardio-vasculaires, lithiases, goutte, arthrose, rhumatismes…).
Ex Personnages historiques carboniques :
Principaux remèdes : Calcarea carbonica, Sulfur, Lycopodium.
La constitution phosphorique ou longiligne
La constitution phosphorique correspond aux sujets longilignes, grands et minces.
L’accélération du métabolisme explique que le sujet n’a pas les moyens de grossir, il est donc maigre ou mince, et maigrit encore à la moindre occasion pathologique.
Ce sont souvent des personnes d’apparence fragile, plutôt nerveuses, hypersensibles et fatigables. Leurs points faibles concernent surtout le système cardio-vasculaire et le système nerveux.
Le visage est triangulaire avec prédominance de l’étage supérieur, ce qui correspond au type cérébral de Sigaud. C’est l’exemple de Valéry Giscard d’Estaing, dont le biotype longiligne est opposé à celui de son ancien Premier ministre, R. Barre.
Les mains sont longues et élégantes, notamment les doigts qui sont plus longs que la paume. Habituellement le bras et l’avant-bras forment un angle plat.
Il est caractérisé par une hyperlaxité ligamentaire donnant une rectitude parfaite et une démarche souple et régulière., avec parfois, quelques difficultés articulaires comme la tendance à se tenir voûté et les pathologies de la colonne vertébrale.
La denture du phosphorique est rectangulaire à grand axe vertical avec une occlusion imparfaite et un prognathisme supérieur.
Il est intéressant de noter que le phosphorique est la plupart du temps opposé au carbonique. Alors que ce dernier réagit avec lenteur à n’importe quelle agression, le phosphorique réagit vite, mais n’a pas les moyens d’une réaction de longue durée. Et il est amusant de souligner la correspondance avec la flamme du phosphore qui brûle vite mais pas longtemps.
Psychologiquement, l’hypersensibilité et la fatigabilité sont les deux caractéristiques dominantes. D’où un comportement cyclothymique, avec une endurance physique et mentale extrêmement faible.
Les phosphoriques ont souvent pour point commun une tendance aux réactions vives mais de courtes durées, avec un épuisement facile. Il a tendance aux maladies nerveuses (anxiété, nervosité et asthénie) et à la déminéralisation et au rachitisme.
Les sujets ont en général une instabilité thermique, ils sont frileux mais craignent la chaleur, ils ont besoin d’oxygène, craignent l’air confiné ou la chaleur d’une pièce.
Leur constitution est propice à la tuberculose et à l’hyperthyroidie.
Toutes ces caractéristiques expliquent que deux types de phosphoriques s’opposent :
- Le type supérieur peut être un artiste génial, un intellectuel brillant, mais la productivité souffre d’irrégularités.
- Le type déséquilibré donne un ambitieux, beau parleur mais superficiel, capricieux, guetté par la dépression mélancolique dès lors qu’une période de lucidité lui fait prendre conscience de la vanité de sa vie.
Principaux remèdes : Calcarea phosphorica, Natrum muriaticum, Sulfur iodatum, Phosphorus.
La constitution fluorique ou dystrophique
La silhouette massive et tout en épaisseur du carbonique, ou celle tout en longueur et maigre du phosphorique laissent la place à des sujets de taille et de poids variables dont les traits communs sont l’asymétrie plus ou moins prononcée.
Les signes qui la définissent peuvent modifier les autres constitutions ; elle est très souvent mixte sulfo-fluorique ou carbo-fluorique.
La constitution fluorique se caractérise donc par des sujets de taille variable, souvent présentant une asymétrie prononcée du visage et du corps et une dystrophie du squelette. Sa colonne vertébrale est encline aux déformations. Le bassin est décalé. Le fluorique présente une hyperlaxité ligamentaire, ses gestes sont désordonnés et sa démarche est irrégulière. Son attitude est déséquilibrée, disloquée et instable. Il présente des malformations osseuses et cartilagineuses, les jambes sont arquées ou au contraire, les genoux sont en-dedans. En hyperextension les bras forment un angle ouvert en bas ou en arrière, et les jambes un angle ouvert en avant.
Son trouble de la vue est l’astigmatisme. Ces individus présentent également une implantation dentaire dysharmonieuse (dents surnuméraires, malposition des mâchoires, troubles de l’articulation temporo-mandibulaire…), une tendance aux caries, l’émail est fragile et de mauvaise qualité.
Psychologiquement, le fluorique a un caractère intuitif mais est marqué par une instabilité émotionnelle (versatilité de l’humeur) avec des réactions imprévues et vives. Il peut être sujet à l’indécision. C’est un original parfois atypique.
Son intelligence est répartie de manière inégale, il apparaît brillant dans certains domaines et peut se révéler inapte dans d’autres. Il est victime de son manque d’organisation. Véritable artiste, parfois torturé, il est perçu comme original et fait preuve d’une grande créativité. Dans une société normo-rigide, comme la nôtre, la nature indépendante et le tempérament atypique de l’individu
Fluorique lui font rencontrer des difficultés d’adaptation.
C’est la plus fragile des constitutions minérales, car elle nécessite la plus grande attention, notamment sur les plans ostéo-articulaires et psychiques.
Il prédispose à l’induration ganglionnaire, à l’anxiété, aux pathologies articulaires (arthrose, entorses, lumbagos…) et aux troubles de l’équilibre. Il a aussi tendance à la sclérose vasculaire, ou au contraire aux distensions vasculaires (varices, anévrysmes).
Principaux remèdes : Calcarea fluorica, Mercurius, Argentum nitricum, Baryta carbonisa.
Ces notions constitutionnelles peuvent apporter des orientations intéressantes pour les praticiens. En effet, certains éléments morphologiques, certaines pathologies sont objectivement incontestables. Par contre les symptômes de comportement, neuro psychologiques sont plus sujets à caution. Le comportement général, lui, est objectif (lent, vif, agressif, gentil…) Mais attention à l’interprétation dans le domaine psychologique.
Il est donc important de préciser que l’analyse des constitutions est une aide, une orientation mais pas une vérité absolue.