Je me souviens d’un homme de 65 ans que j’ai reçu il y a quelques années et qui était venu me voir en consultation sur les conseils de sa fille qui suivait une formation de naturopathie au Cenatho-Paris où je suis un des principaux enseignants. Il ne connaît pas la naturopathie et est même sceptique concernant cette « médecine douce » face à sa problématique qui l’handicape dans sa vie sexuelle profane. Pour lui et selon son médecin traitant, c’est une période inévitable à traverser qu’ils comparent à la ménopause et à ses désagréments !
Durant son anamnèse et son bilan de santé/vitalité, il apparaît que tous les signes classiques d’une hypertrophie de sa prostate sont présents, à savoir :
- la diminution de la force du jet en début de miction et une fin en goutte à goutte,
- la dysurie : difficulté de la miction,
- la pollakiurie : fréquence exagérée des mictions, ne coïncidant pas nécessairement avec l’augmentation du volume total des urines,
- la nycturie : excrétion urinaire à prédominance nocturne,
- la miction impérieuse qui cause quelques fois des fuites urinaires.
Son toucher rectal et son PSA libre et total (antigènes spécifiques de la prostate), pratiqués par son médecin traitant et son laboratoire de quartier, indiquent parfaitement sa gêne journalière. Il a la hantise d’aller dîner à l’extérieur. Il s’est même contraint à ne plus boire à partir de 17 heures pour ne plus avoir ses envies impérieuses et ne plus uriner sur son pantalon, prétextant que le débit du robinet du lavabo est défectueux !
Il se contraint à uriner quand il est chez lui, y compris la nuit, assis sur les toilettes, afin de ne pas avoir à « pousser » pour uriner et pour pouvoir bien vider sa vessie (la loi de l’apesanteur).
Sexuellement il ressent « des manques » quant à son érection et à sa virilité ce qui le traumatise énormément vis-à-vis de son épouse. En effet, son érection est moins conséquente pour satisfaire sa compagne, ce qui engendre une frustration pour lui… et pour elle ! Même si l’on sait que la « libido » n’est pas la même à 20 ans qu’à 65 ans.
Qu’est-ce que la prostate ?
Quelques considérations :
- Les troubles de la prostate sont un véritable fléau des temps modernes chez les hommes de plus de 50 ans.
- 400 000 Français chaque année s’en plaignent et beaucoup de gens croient que « la prostate » est une maladie qui affecte seulement les hommes âgés.
- Petit rappel pour ceux qui l’ignoreraient : la femme n’a pas de prostate.
- Chez l’homme, cette glande est située devant le rectum, juste sous la vessie ce qui explique que le toucher rectal soit l’examen classique, entre autres, pour diagnostiquer un problème de prostate.
- C’est une glande de l’appareil masculin faîte embryologiquement de 2 parties :
– Une partie centrale = adénome (tumeur bénigne ou hypertrophique ou Hypertrophie Bénigne de la Prostate – HTB),
– Une partie périphérique = lieu de développement éventuel d’un cancer.
En aucun cas, l’adénome ne dégénère en cancer, mais il peut lui être associé.
- La prostate fabrique en permanence le liquide prostatique qui joue un rôle non négligeable dans la fertilité masculine. Normalement, l’homme en bonne santé ignore sa prostate, il ne la sent pas et n’en a même pas conscience.
- Les cellules prostatiques sécrètent un liquide acide riche en acides aminés dont la spermine (odeur caractéristique du sperme), des enzymes, de l’acide citrique et du zinc ainsi que certains éléments anti-infectieux. Ce liquide est produit de façon continue à raison de 0,5 à 2 cm3 par jour.
- Il est à noter que la sécrétion prostatique est augmentée pendant les rapports sexuels et ralentie le reste du temps.
- 1/3 du sperme d’une éjaculation est du liquide prostatique.
- Examens cliniques et analyses biologiques à réaliser avant toute prise de décision thérapeutique :
– Toucher rectal : tous les ans à partir de 50 ans ou 40/45 ans si antécédents familiaux,
– Échographie endorectale,
– Dosage des PSA – phosphatases acides prostatiques dosées depuis 1936 (glycoprotéines secrétées par les cellules prostatiques).
Si le taux est normal, il ne faut pas exclure cependant une tumeur et donc faire aussi un toucher rectal et s’intéresser à la clinique de la personne, c’est-à-dire à ses ressentis et à ses propres symptômes.
Mais attention, pas de dosage des PSA après un toucher rectal récent. Il convient donc de bien prévenir le patient sur certaines pratiques sexuelles et faire le dosage des PSA avant, à distance d’au moins 15 jours car la stimulation prostatique lors d’un toucher rectal ou d’un acte sexuel anal favorise l’augmentation des sécrétions prostatiques mais ce n’est pas le reflet exact d’une profération anormale des cellules de la prostate.
Stratégie naturopathique relevant du bon sens et de la logique naturopathique
1. Une réforme alimentaire
J’indique toujours de limiter et de supprimer certains aliments si la pathologie est présente, sans pour autant devenir des fanatiques du bio, car on peut s’alimenter avec des aliments bios mais inadaptés à notre physiologie cellulaire et digestive. Il en est ainsi du chocolat bio ou encore du soda à base de cola bio ! Je recommande donc :
- Une alimentation variée, de qualité, adaptée à la saison et aux étapes de la vie, équilibrée en protides, glucides, lipides,
- D’éviter de trop consommer des graisses animales saturées ce qui entraîne une « saturation de la membrane cellulaire empêchant les entrées et les sorties cellulaires »,
- De préférer les graisses insaturées contenant des acides gras essentiels pour la synthèse des membranes et des hormones,
- De limiter voire supprimer les produits laitiers (sans sectarisme) qui ne sont pas adaptés au corps humain,
- De consommer des aliments de qualité, de préférence issus de l’agriculture biologique (mais adaptés à ses propres besoins),
- De limiter la consommation de viandes rouges en préférant la viande rouge biologique ou raisonnée,
- D’éviter les produits fumés pré-oncogènes,
- D’éviter les aliments poisons (café, thé noir, alcool, sucre, chocolat, limonade, sodas, tabac… ayant un effet sclérosant),
- D’augmenter la ration de fibres alimentaires (péristaltisme) pour augmenter l’effet de défécation,
- De consommer davantage d’oignons, d’œufs, de noix, de lentilles, de germes de blé, d’huître… riches en zinc,
- Des monodiètes (pour éviter les repas trop copieux qui augmentent les symptômes par congestion). Par exemple, ne consommer que de la compote de pommes sans sucre ni miel ou encore que des pommes de terre (la ratte du Touquet ou de Noirmoutier sans huile, ni beurre, ni sel)…
2. Régler les problèmes psychologiques si nécessaire
3. Réharmoniser la flore intestinale par le biais de produits de santé naturelle, notamment Perméa Régul ®+, Perméa Régul® Fort, Probiotiques 10 MD et Probiotiques IBS, notamment pour les côlons irritables.
4. Voir un ostéopathe
5. Opter pour la phytothérapie en infusion, en décoction, en teinture mère, ou pour la gemmothérapie ou des SPF (suspensions de plantes fraîches) comme :
- L’épilobe hirsute T.M,
- L’oignon riche en zinc et silice (décongestionnant),
- La bruyère (si cystite associée),
- La busserole (anti-inflammatoire des voies urinaires),
- Le Sequoia gigantea
- Le Serenoa repens ou Sabal serrulata (fruit du palmier scie, inhibiteur de la 5-alpha-réductase qui empêche ainsi le DHT de se lier aux récepteurs à androgènes et qui réduit également les contractions des muscles lisses de la vessie et du sphincter qui provoquent l’envie d’uriner. Il est riche en zinc, en AGE et en bêta-sitostérols).
– Les racines d’ortie et l’extrait de palmier scie diminuent de 86 % les symptômes de l’hypertrophie de la prostate,
– Le prunier d’Afrique qui possède 3 principes actifs :
- des phytostérols (bêta-sitostérols) anti-inflammatoires qui bloquent la formation de prostaglandines qui ont tendance à s’accumuler dans la prostate en cas d’hypertrophie bénigne,
- des terpènes pentacycliques aux effets anti-œdèmateux et décongestionnants,
- des esters féruliques qui contrôlent indirectement l’activité de la testostérone.
6. Se supplémenter en oligo-éléments comme le zinc (oligo-élément très présent dans la prostate et le liquide séminal qui nourrit les spermatozoïdes). Les boissons alcoolisées accroissent l’élimination du zinc, tout comme la fréquence exagérée des rapports sexuels avec éjaculation. Des taches blanches sur les ongles peuvent être le signe d’une carence :
- Extrait de citrouille et pépins de courge riche en zinc, AGE, phytostérols, acides aminés, minéraux, vitamines (en graines, en huile dans les salades, en gélules)…
- Extraits de fleurs de pollen (activité immuno-modulatrice et anti-radicalaire) : inhibition de la 5-alpha-réductase et blocage de la liaison au récepteur alpha-1 ou accélération de l’élimination du DHT des cellules prostatiques,
- Tomates et lycopène (incidence plus faible du cancer de la prostate chez des populations consommant de grandes quantités de tomates et de produits à base de tomates). Le lycopène, caroténoïde qui donne la couleur rouge aux tomates est le principal élément protecteur,
- Antioxydants (vitamine E, sélénium…),
- Graines de lin (réduction de la taille du cancer de la prostate et effet préventif),
- Thé vert (la Chine est le pays où l’incidence du cancer de la prostate est la plus faible ; la consommation régulière de thé vert contenant des polyphénols bloque le développement des cellules cancéreuses de la prostate).
Recommandations de produits de Santé naturelle :
PROSTATE REGULATION-CONFORT
Aide sur les dysfonctionnements de la prostate
Composition : Sabal (sereona repen) – Ortie – Pépins de courge – Céleri – Zinc
3 gélules par jour de préférence le matin ou le soir au moment des repas
PROBIOTIQUES IBS
Aide à lutter contre les ballonnements et les gaz intestinaux
Composition : association de Lactobacillus rhamnosus, Bifido-bacterium animalis lactis, Lactobacillus plantarum et Fibregum™
1 gélule par jour de préférence le matin ou le midi avant les repas avec un grand verre d’eau.
PERMEA REGUL® FORT
Pour maintenir l’intégrité de la paroi intestinale ainsi que sa perméabilité grâce à son action sur le mucus
Composition : fibres d’acacia – Fibregum®, L-glutamine, quercétine, gamma-oryzanols, 2’fucosyllactose – CARE4U®, N-Acétyl-Cystéine (NAC), L-méthionine, L-thréonine, L-sérine, vitamines A, du groupe B, C, D3, E, zinc.
1 sachet par jour à diluer dans 200 ml d’eau à température ambiante, le matin à jeun ou le soir au coucher. Si sensibilité intestinale, commencer par ½ sachet/jour pendant 7 jours
Maintenir une activité sexuelle anticongestive
“Les joies de l’amour” : bonnes ou mauvaises pour le cœur et la prostate ? C’est une question qui interpelle plus d’un homme… et plus d’une femme !
Jusqu’à présent, on pensait que l’amour physique était peu recommandé aux cardiaques et aux prostatiques. Certains médecins interdisaient même tout acte sexuel aux personnes ayant un problème de prostate ou ayant également eu un infarctus du myocarde.
L’histoire de Félix Faure est encore dans toutes les mémoires ! Selon une étude japonaise portant sur 5500 cas de mort subite, 34 cas seulement étaient dus à des “excès amoureux” dont 27 se sont réalisés avec un ou une partenaire non légitime.
On pourrait donc extrapoler en concluant que l’infidélité est dangereuse pour le cœur et la prostate, certainement à cause de l’anxiété produite par l’inhabituel, préjudiciable au muscle cardiaque.
L’exercice physique est considéré comme un véritable traitement des troubles de la prostate (sauf en aiguë) et de l’infarctus du myocarde. Durant l’acte sexuel, les battements cardiaques peuvent atteindre en moyenne 117bpm (l’équivalent de la montée à pieds de 2 étages) et stimule également l’activité de la glande prostatique.
Le Dr Josette Rousselet Blanc indique que pendant l’acte sexuel, la peur et les angoisses sont oubliées par une “déconnexion du cerveau pensant”. Le cerveau sécrète davantage d’endorphines, ce qui procure une certaine euphorie que certains ont qualifiée en grands connaisseurs de “béatitude”.
La reprise de l’activité sexuelle “harmonieuse” après un infarctus dépend également de l’attitude du ou de la partenaire : en effet, un comportement surprotecteur ou dévalorisant n’entraîne pas la reprise de confiance, mais au contraire une élévation de l’anxiété et de la peur.
Pour revenir à mon consultant, ces quelques conseils basiques ont largement amélioré son évacuation journalière. Cependant, il faudra certainement plusieurs mois de modification de son hygiène de vie et des conseils annexes pour consolider les résultats constatés avec des rechutes inévitables compte tenu de l’ancienneté de sa pathologie.
J’ai revu ce monsieur il y a quelques mois et j’ai vu un homme, transformé, radieux et pleinement heureux, en toute conscience de son âge ! Il a retrouvé une harmonie avec son épouse avec beaucoup plus de « préliminaires », qui semblent satisfaire psychologiquement mon patient.
Cet article a été rédigé par Christian BRUN, Naturopathe et enseignant Versailles (78) 06 39 25 07 04 – chrst.brun@orange.fr www.christian-brun-naturo.fr |
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