Article extrait du dossier scientifique sur la gamme hormonale des Laboratoires COPMED, rédigé par le Docteur Vincent Renaud
D’où vient le cortisol ?
Le cortisol est le principal représentant des glucocorticoïdes, qui sont des hormones stéroïdiennes. Ces dernières sont fabriquées par le cortex surrénalien sous l’impulsion de l’ACTH (adrenocorticotropin hormone), elle-même fabriquée sous le contrôle de la CRH (corticotropin-releasing hormone).
À quoi sert-il ?
Le cortisol est appelé “hormone du stress”, ce qui peut sembler péjoratif. En réalité, il n’est néfaste à la santé que s’il est fabriqué en forte concentration ou de façon chronique. Il est principalement libéré en cas de stress, mais aussi de jeûne. Son rôle majeur est de maintenir un niveau normal de glycémie durant ces périodes, ce qu’il fait en puisant dans les réserves de certains tissus comme le foie. Il a des effets principalement métaboliques, mais bien d’autres encore. Voyons-les de plus près.
Rôles métaboliques
- Il a un effet hyperglycémiant, empêchant le glucose de rentrer dans les cellules et boostant sa fabrication par le foie ;
- À court terme, il booste la libération d’acides gras par les adipocytes, pour apporter de l’énergie aux tissus et pour en faire du glucose dans le foie (d’où l’effet hyperglycémiant) ;
- À long terme, sécrété de façon chronique, il fait prendre du poids, car il favorise l’insulinorésistance, fragilise la thyroïde, fait baisser la sérotonine (ce qui rend triste et donne envie d’aliments glucidiques), augmente l’appétit et fait baisser la masse musculaire (en inhibant la DHEA) ;
- Il stimule la fonte musculaire, libérant des acides aminés dans le sang. Ces derniers ne seront pas utilisés par les cellules, mais par le foie qui en fera du glucose.
Rôle sur le métabolisme des os
Le cortisol inhibe l’absorption du calcium, ainsi que l’activité des cellules qui construisent les os (ostéoblastes). D’où l’effet néfaste des traitements à base de corticoïdes, qui augmentent le risque d’ostéoporose et de retard de croissance chez l’enfant.
Rôle anti-inflammatoire
Le cortisol inhibe l’inflammation dans le corps et l’activité du système immunitaire. Cependant, si le stress devient chronique, le cortisol peut devenir résistant. L’inflammation va alors s’installer et entretenir cette résistance.
Rôle sur le système nerveux
Le cortisol inhibe la fabrication des hormones sécrétées par l’hypophyse. Il impacte donc la thyroïde et la fertilité.
Rôle sur le système cardiovasculaire
Le cortisol a un effet vasoconstricteur, il augmente donc la pression artérielle. Il impacte également l’équilibre sodium/potassium du corps en favorisant la réabsorption du sodium et l’élimination du potassium par le rein. C’est pourquoi il faut veiller à contrôler ses apports en sodium en période de stress. En cas de burn-out, si le cortisol s’effondre, il est par contre recommandé de ne pas trop en réduire la consommation.
Transport et régulation du cortisol
La fabrication du cortisol n’est pas constante sur 24 heures. Elle connaît un pic vers 6 heures du matin (c’est l’hormone de l’éveil) et va rapidement baisser pour rester relativement basse pendant la journée. La luminosité influence sa sécrétion, qui est donc différente entre l’été et l’hiver.
Lorsque son niveau est élevé, la CRH et ensuite l’ACTH sont inhibées (c’est la fameuse réaction de rétrocontrôle) et le cortisol va redescendre.Elle est en grande partie régulée par la mélatonine (l’hormone du sommeil), dont le pic a lieu la nuit, quand le cortisol est au plus bas. Le niveau de stress, mais aussi le jeûne et l’alimentation, vont bien sûr booster sa libération.
Et si je veux connaître mon statut en cortisol ?
Une nouvelle fois, la biologie, et surtout les symptômes, sont à notre disposition pour évaluer le statut en cortisol. Celui-ci peut être normal, trop élevé (stress chronique) ou effondré (phase d’épuisement).
Que doser ?
- Le cortisol (idéalement celui de 8 heures du matin) sanguin ou salivaire : il doit être dans les normes supérieures le matin et descendre au fur et à mesure de la journée.
- Le cortisol libre, qui sera calculé (et non mesuré) sur base du cortisol de 8 heures et de la transcortine.
- Le sulfate de DHEA sanguin.
- La transcortine sanguine, sa protéine de transport.
- Les 17-OH stéroïdes dans les urines de 24 heures.
Les symptômes d’un excès de cortisol
La prise de poids, la fonte musculaire, l’ostéopénie ou ostéoporose (le cortisol est catabolisant), l’hypertension, la dépression, les troubles du sommeil, les troubles du comportement alimentaire (envie d’aliments salés ou sucrés), l’agitation, les troubles métaboliques (troubles des lipides circulants, insulinorésistance…), l’infertilité, l’impuissance, la rétention d’eau, le gonflement du visage…
Les symptômes d’un déficit en cortisol
Une grande sensibilité au stress (ne plus rien supporter), une fatigue persistante, des “coups de pompe”, une tension basse, des malaises aux changements rapides de position ou lors d’une activité physique trop intense, des pulsions alimentaires, des douleurs articulaires, des troubles cutanés, des migraines, une plus grande fragilité aux infections, des allergies, de l’infertilité.
Stress, Fatigue chronique… Pourquoi moduler le cortisol par des moyens naturels ?
Relation stress et cortisol
Il est normal de connaître des épisodes de stress, mais après ceux-ci, le calme doit revenir. Le syndrome général d’adaptation au stress a été décrit dans les années trente par le Dr Hans Selye.
Il comporte 3 phases :
- Phase 1 ou phase d’alarme : le stress est perçu et des ressources vont être mobilisées. Ce sont principalement l’Adrénaline et la Noradrénaline qui sont libérées : la concentration sanguine augmente, le rythme cardiaque s’accélère, les pupilles se dilatent, la température du corps monte, la digestion est ralentie et l’appétit coupé. Ces réactions sont physiologiques et visent un seul objectif : nous sauver en augmentant notre vigilance, en oxygénant nos muscles, notre cœur, notre cerveau et en augmentant notre force. Après cette courte période de stress, le calme revient. Ou pas…
- Phase 2 ou phase de résistance : Uniquement si le calme ne revient pas. Il s’agit d’une phase d’adaptation. Le corps recherche un équilibre, une compensation. Tant que vous vous sentez en danger, cette phase perdure. L’hormone du stress chronique, le cortisol, entre en jeu. Elle est libérée physiologiquement le matin (entre 6 et 8 heures) et possède des fonctions vitales (d’éveil, anti-inflammatoire…). Elle est supposée baisser au fur et à mesure de la journée. Mais sécrétée en continu, elle mobilise les réserves, augmente la glycémie, met le corps dans le rouge. Pendant quelques temps, le corps va puiser dans ses réserves, qui ne sont pas éternelles. Si les facteurs stressants ne diminuent pas…
- Phase 3 ou phase d’épuisement : Fleurissent alors insomnies, fatigue, douleurs, mauvaise humeur, maux de tête, tensions musculaires, troubles de l’appétit, troubles digestifs, troubles de la concentration et de la mémoire, problèmes cutanés… Avec un risque augmenté de maladies plus sérieuses. Et un jour, c’est l’épuisement complet. Les glandes surrénales ne sont plus capables de produire assez de cortisol. La dopamine, la sérotonine, le magnésium sont épuisés. Plus possible de se lever, de décider, d’agir.
Relation Fatigue chronique et cortisol
En France, 40 % de la population déclare ressentir des symptômes de fatigue, mais seulement 7,6 % consulte pour ce motif. Il faut différencier la fatigue aiguë de la fatigue chronique et séparer la fatigue psychique de la fatigue physique. En effet, la fatigue psychique sera surtout une fatigue intellectuelle, avec difficulté de concentration, troubles de la mémoire, perte de motivation, voire dépression et sera souvent associée à un manque de dopamine.
Diagnostic d’une fatigue surrénalienne :
La fatigue surrénalienne est probablement la cause de fatigue chronique (> à 6 mois) la plus fréquente, mais malheureusement souvent la moins connue du corps médical. Si vous vous sentez fatigué sans raison, que vous avez besoin de litres de café pour tenir tout au long de la journée, si vous vous sentez dépassé et stressé et que vous vous débattez désespérément contre les exigences de la vie quotidienne, si quelques exercices de gymnastique suffisent à vous épuiser pour plusieurs jours et si le moindre incident vous irrite, vous déprime ou vous épuise, vous souffrez peut-être de fatigue surrénalienne. Un certain nombre de plantes et de suppléments nutritionnels peuvent aider à surmonter cette fatigue.
Quels en sont les symptômes ?
- Fatigue et baisse d’énergie
- Anxiété, craintes ou dépression
- Déséquilibre hormonal
- Troubles de la glycémie
- Baisse du système immunitaire
- Fonte musculaire ou perte osseuse
- Envies d’aliments salés, sucrés ou gras
- Augmentation des problèmes allergiques
- Pathologies cutanées
- Troubles auto immuns
- Augmentation du SPM ou des symptômes de la ménopause
- Hypotension artérielle orthostatique
- Difficulté au réveil
- Baisse de la libido
- Difficulté à gérer le stress
- Trouble de la mémoire et de la concentration
Phytonutrition et régulation de la synthèse du cortisol
Vitamine C, vitamine B5, zinc
Ces trois nutriments sont indispensables à la conversion de la progestérone en cortisol. Ils sont aussi intéressants, car ils diminuent la réponse au stress.
La vitamine C a la capacité de réduire la production de cortisol en cas de stress chronique.
Composés bioactifs et régulation du cortisol
La L-tyrosine
La dopamine est fabriquée à partir d’un acide aminé, la tyrosine, provenant directement de l’alimentation ou fabriquée à partir d’un autre acide aminé, la phénylalanine. C’est une hormone de la famille des catécholamines, comme l’adrénaline et la noradrénaline, dont elle est le précurseur.
Les aliments riches en tyrosine et phénylalanine sont la viande, le poisson, les fruits de mer, la volaille, les œufs, mais aussi les produits laitiers, le blé, l’avoine, le soja fermenté.
La dopamine intervient en augmentant la production en cortisol surrénalien. C’est le neurotransmetteur de l’initiation de l’action, l’intention, la motivation, la décision, l’énergie mentale, l’envie, la recherche du plaisir, la concentration, l’attention, l’ouverture aux autres, la curiosité, l’exploration, la recherche de la nouveauté.
Les besoins journaliers en phénylalanine et en tyrosine sont estimés à environ 35 mg par kilo de poids et par jour (soit environ 2,5 g pour un homme de 70 kg) et ils sont relativement mal couverts par notre alimentation. Un déficit d’apport peut donc souvent survenir, en particulier chez les patients ne mangeant pas ou peu de protéines animales et un apport journalier de 200 mg le matin permet de booster les surrénales et de relancer la motivation.
Originaire d’Europe, il est utilisé pour traiter les troubles rhumatismaux, le mal de gorge, la toux, la diarrhée, le rhume. Il permet aussi de protéger les vaisseaux sanguins et de lutter contre l’hypertension artérielle. Il est riche en polyphénols (surtout des flavonoïdes) et en vitamine C et a des propriétés anti-inflammatoires et antidouleur, liées surtout à son activité “cortisol-like” (mimant les effets du cortisol).
Le cassis, et plus spécifiquement le bourgeon, stimule la production de cortisol par les glandes surrénales et augmente le tonus sympathique. Il a aussi une activité anti-inflammatoire, plus importante que celle des feuilles (l’action anti-inflammatoire des bourgeons atteindrait le tiers de celle de la cortisone). Les propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes seraient liées à la présence de composés terpéniques et de polyphénols (catéchines et acides phénoliques).
Autres propriétés :
- Propriétés antioxydantes
- Antimicrobiens, antibactériens1, 2
Plantes adaptogènes et surrénales :
Une plante adaptogène est une plante augmentant la capacité de notre corps à s’adapter aux différents stress, quelles que soient leurs origines. On attribue ce concept à un toxicologue russe, Nicolaï Lazarev, qui cherchait à définir le type d’action de plantes comme le ginseng en 1947.
Elle accroît la résistance de l’organisme aux divers stress qui l’affectent. Dans la médecine traditionnelle chinoise, la notion “d’adaptogène” existe depuis des milliers d’années sous le concept de “toniques supérieurs”, qui régularisent les diverses fonctions et augmentent l’énergie. Les plantes adaptogènes apportent une réponse fonctionnelle et variable (modulateur/régulateur) aux besoins de l’individu.
Tout en provoquant un minimum d’effets indésirables, un adaptogène exerce une action régulatrice non spécifique sur de nombreux organes ou fonctions physiologiques3, 4.
L’ashwagandha
Considérée comme l’une des plus puissantes plantes adaptogènes, elle tonifie tout en ayant un effet sédatif et hypnotique. Elle est aussi immunostimulante, anti-inflammatoire, avec des effets antirhumatismaux. Elle est particulièrement indiquée en cas de résistance au stress.
De nombreuses études ont été menées sur les extraits de racine d’Ashwagandha.
Des études in vivo sur des extraits de racine d’Ashwagandha ont démontré ses effets neuroprotecteurs, anti-inflammatoires et chondroprotecteurs. Des expériences utilisant des modèles animaux ont indiqué des effets cardio-protecteurs, immunomodulateurs, antidiabétiques et neuroprotecteurs d’extraits de racines d’Ashwagandha. Des études cliniques chez l’homme menées dans diverses conditions suggèrent que l’extrait de racine d’Ashwagandha améliore les performances sexuelles chez les hommes et les femmes, aide à réduire et à gérer le stress et l’anxiété, améliore la mémoire et la cognition chez les adultes en bonne santé et les patients atteints de trouble bipolaire.
Cette herbe polyvalente augmente également la force musculaire, la taille musculaire et soutient la récupération musculaire5, 6, 7, 8.
L’éleuthérocoque (ginseng de Sibérie)
L’éleuthérocoque est parfois encore appelé ” ginseng de Sibérie “, mais du point de vue botanique, cette appellation est erronée. Il renferme essentiellement des éleuthérosides, substances aux propriétés similaires à celles des ginsénosides du ginseng. Les 2 plus abondantes sont les éleuthérosides E et B. L’éleuthérocoque a la réputation d’accroître les performances sportives, il est devenu très populaire auprès des athlètes de l’Union soviétique. Il a commencé à être utilisé comme plante médicinale en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord vers 1975.
Beaucoup d’essais cliniques non contrôlés ont été menés sur l’éleuthérocoque en Union soviétique à partir des années 1950. Leurs résultats, compilés dans des synthèses publiées en anglais dans les années 1980, pointent notamment vers un effet adaptogène (amélioration de la résistance au stress), ergogénique (amélioration de la performance et de l’endurance physique) et immunostimulant.
La Commission E et l’OMS reconnaissent l’éleuthérocoque comme un tonique qui peut soutenir et stimuler l’organisme en cas de fatigue et de faiblesse, lorsque la capacité de travail ou de concentration est amoindrie ou au cours d’une convalescence9.
Dr Vincent RENAUD Médecin nutritionniste Cagnes-Sur-Mer (06) – 06 48 06 75 33 Rendez-vous sur doctolib.fr |
Références
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- Oprea E, Radulescu V, Balotescu C, Lazar V, Bucur M, Mladin P, Farcasanu IC. Chemical and biological studies of Ribes nigrum L. buds essential oil. Biofactors. 2008;34(1):3-12.
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- Zhang X.-L., Ren F., Huang W., Ding R.-T., Zhou Q.-S., Liu X.-W. Anti-Fatigue Activity of Extracts of Stem Bark from Acanthopanax senticosus. Molecules. 2011; 16(1):28-37
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- Lakshmi-Chandra. Scientific Basis for the Therapeutic Use of Withania somnifera (Ashwagandha): A Review Alternative Medicine Review. Volume 5 Number 4. 2000
- Dadkar VN, Ranadive NU, Dhar HL. Evaluation of antistress (adaptogen) activity of Withania somnifera (Ashwagandha). Ind J Clin Biochem 1987,2:101-108.
- Archana R, Namasivayan A. Antistressor effect of Withania somnifera. J Ethnopharmacol 1999;64:91-93
- Marina Davydov, A. D. Krikorian. Eleutherococcus senticosus (Rupr. & Maxim.) Maxim. (Araliaceae) as an adaptogen: a closer look. Journal of Ethnopharmacology, Volume 72, Issue 3, October 2000, Pages 345-393. Kimura Yoshiyuki, Sumiyoshi Maho. Effects of various Eleutherococcus senticosus cortex on swimming time, natural killer activity and corticosterone level in forced swimming stressed mice. J Ethnopharmacol. 2004 Dec;95(2-3):447-53.