État des lieux
Le saviez-vous ? À l’heure où plus de 870 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, nous continuons de jeter 1/3 de la production mondiale de nourriture ! En France, ce ne sont pas moins de 10 millions de tonnes de nourriture qui terminent à la poubelle chaque année, soit 29 kg de nourriture par Français.
Évidemment, ce gaspillage pose des problèmes sur le plan éthique et nous renvoie à notre responsabilité sociale et sociétale. Mais l’autre pendant du gaspillage alimentaire, c’est la pollution qu’il engendre. En effet, la combustion de nos déchets alimentaires crée des gaz toxiques – dont le CO2 – participant fortement au réchauffement climatique.
En termes d’émissions de CO2, si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le 3e plus gros pollueur derrière la Chine et les États-Unis. Et pour cause, souvenons-nous que la production alimentaire nécessite des quantités énormes en eau, électricité, transports… Autant de ressources gaspillées inutilement lorsque nous jetons.
À titre d’exemple, une baguette nécessite une baignoire entière remplie d’eau pour être fabriquée. Il est ainsi urgent de prendre conscience du lien étroit entre le gaspillage alimentaire et la protection de l’environnement.
Qui est donc responsable de cette aberration ? Le gaspillage se produit sur l’ensemble de la chaîne logistique, de la production à l’assiette des consommateurs, en passant par le transport, le stockage et la manutention.
Sur l’ensemble de cette chaîne, les particuliers sont responsables du gaspillage à hauteur de 33 %, quand les distributeurs sont responsables à hauteur de 14 % (32 % au niveau de la production et 21 % au niveau de la transformation*).
En France, la Loi Garot oblige les supermarchés de plus de 400 m² à créer un partenariat avec des associations d’aide alimentaire pour faire don des invendus encore consommables. C’est un premier pas qui reste très récent puisque cette loi date de 2016. Malheureusement, le maillage des associations ne couvre pas tout le territoire, surtout en zone rurale, et ne permet pas de récupérer l’ensemble des invendus. Également, la plupart des associations voient aujourd’hui leur nombre de bénévoles diminuer, particulièrement en 2020 suite à la crise du COVID-19 (les bénévoles étant majoritairement des retraités).
Il est certain que pour faire changer les choses, l’ensemble des acteurs devront s’engager à réduire ce gaspillage, y compris les particuliers à la maison. À titre individuel, si vous avez à cœur d’agir concrètement pour préserver l’environnement, lutter contre le gaspillage alimentaire est un vrai premier pas. Pour se lancer, de nombreux blogs recèlent d’astuces anti-gaspi :
- passer au vrac afin d’acheter uniquement la quantité dont on a besoin et éviter les emballages,
- planifier, préparer ses repas en avance, et cuisiner les restes,
- utiliser l’intégralité de ses légumes (chair, peau, pépins, fanes) et créer des recettes originales,
- bien faire la différence entre les dates de consommation sur les produits frais et les produits secs,
- utiliser des applications mobiles qui permettent de récupérer les invendus des commerçants à petit prix comme Too Good To Go par exemple…
Mais l’astuce la plus simple et efficace reste d’utiliser ses sens !
Pourquoi ne pas goûter, sentir et observer un produit avant de le jeter ?
Connaissez-vous d’ailleurs la différence entre une DLC et une DDM ? Ces deux dates de consommation présentes sur nos produits sont sources de confusion chez les particuliers et responsables de 20 % du gaspillage alimentaire au sein des foyers en Europe !
La DLC est la Date Limite de Consommation qui est apposée sur les produits frais ; la consommation après cette date représenterait un risque pour la santé, alors que la Date de Durabilité Minimale donne une indication (« à consommer de préférence avant le ») quant à la qualité du produit. Vous pouvez ainsi tout à fait consommer un produit dont la DDM est dépassée ; c’est le cas pour les produits secs du type pâtes, riz, café, thé, biscuits. Quoi qu’il en soit, un produit vraiment périmé aura mauvais goût, aura un aspect très suspect et sentira mauvais. Notre corps sait nous envoyer les bons signaux !
Quant aux fruits et légumes, saviez-vous qu’ils représentent la première source de déchets dans le circuit des Grandes et Moyennes Surfaces, et 40 % du gaspillage alimentaire total en France ? Au-delà de nos attentes élevées en termes d’esthétisme, nombre de nos comportements abîment ces denrées fragiles sur les étals, comme le fait de manipuler les fruits et légumes. En supermarché, un avocat sur trois terminera à la poubelle suite à de trop nombreuses manipulations de la part des clients. Il en va de même pour les bananes souvent détachées de leur régime et noircissant rapidement.
Environnement et santé : quels liens ?
De plus en plus de particuliers s’orientent vers des solutions naturelles de santé pour se soigner durablement et pour prévenir les maladies.
Nous connaissons bien l’essor – encore trop timide – des médecines « douces », ainsi que des pratiques anti-symptomatiques. L’engouement pour l’écologie est lui beaucoup plus récent, mais ne s’accompagnerait-il pas d’une prise de conscience générale ?
L’essor malheureux des maladies dites de civilisation pousse bien souvent les gens à revoir leur mode de vie, à commencer par l’alimentation. Une alimentation industrielle et transformée s’accompagne quasiment toujours de produits chimiques et toxiques (pesticides, fongicides, conservateurs, stabilisants) et d’emballages tout aussi néfastes comme le plastique. À l’inverse, lorsque l’on souhaite redevenir acteur de sa santé, on commence souvent par réduire ce type de produits pour aller vers des aliments végétaux, frais, locaux et de saison.
En respectant ces quatre principes, le bénéfice est double : plus de qualité et une empreinte carbone bien amoindrie. Il en va de même pour la (dé)consommation de produits animaux comme la viande rouge, ou encore les produits laitiers, gourmands en énergie au niveau de leur production et dont on conseille souvent une consommation modérée.
Rien qu’avec ces quelques éléments, non seulement la personne qui réforme son alimentation va considérablement améliorer sa santé, mais va aussi faire des choix de consommation plus durables, éthiques, et à impact positif.
Cela paraît simple et pourtant, consommer une majorité de produits locaux, de saison, et issus d’une agriculture biologique, impacte positivement notre santé.
Prendre du temps pour cuisiner des produits frais et concocter de bons plats nous permet aussi de nous reconnecter à la terre, et d’en apprécier ses fruits. Enfin, un plat préparé avec amour aura plus de chance d’être consommé intégralement et sera moins jeté qu’un plat industriel.
Mais faut-il forcément finir son assiette pour lutter contre le gaspillage alimentaire ?
Voilà la solution à laquelle nous pourrions penser en tant que consommateurs ! Attention, à ne pas utiliser ce prétexte pour surconsommer, car nous le savons, c’est bien la surconsommation qui est néfaste pour l’environnement et pour notre santé.
Dans un article de Sciences et Avenir de 2019**, une étude montre que le gaspillage va au-delà de la nourriture jetée à la poubelle. Il intégrerait aussi toute la nourriture que nous mangeons en excès et représenterait un gaspillage additionnel s’élevant à 140 millions de tonnes de nourriture. Avec ces excès découlent un nombre incalculable de maux : surpoids, haute tension artérielle, cholestérol, diabète, obésité, etc.
Ces véritables fléaux ne cessent d’augmenter dans les pays les plus riches et ont un coût considérable sur le plan économique, écologique et social.
Alors, plutôt que de se forcer à terminer notre assiette, pourquoi ne pas se reconnecter à nos véritables besoins et à les honorer grâce à ce que la terre peut nous offrir ?
À l’inverse, l’abstinence de nourriture pendant un temps donné comme lors d’un jeûne, peut présenter certains avantages. Même si le jeûne n’est pas une solution de fond au gaspillage alimentaire (nous n’allons quand même pas arrêter de manger !), cette pratique millénaire est bien connue pour ces vertus thérapeutiques. Au-delà d’alléger notre système digestif et de déconsommer pendant un temps, cette période nous invite à l’intériorisation et pourquoi pas à une connexion à sa vie intérieure. Prendre du recul sur le monde dans lequel nous vivons peut nous faire vivre de belles prises de conscience : envie d’un monde plus juste, envie de s’engager, envie de réaliser ses propres projets, envie d’être acteur du changement…
Également, cela peut nous aider à nous relier davantage à la terre et à accélérer la prise de conscience quant à la nécessité de la préserver.
Ces quelques exemples simples doivent bien entendu être personnalisés en fonction de chacun ; mais, mis en application avec sagesse, ils participent de manière considérable à améliorer et conserver durablement notre santé.
C’est d’ailleurs en étant en meilleure santé que nous pouvons faire des choix conscients et nous engager dans des projets qui nous tiennent à cœur. En étant en meilleure santé, nous pouvons enfin prendre conscience que nous vivons non pas seuls, mais en société, sur une planète qui nous accueille et dont il faut prendre soin.
Le petit plus : Too Good To Go, une application très engagée dans la lutte contre le gaspillage alimentaire !
Too Good To Go est une application mobile qui permet aux particuliers de récupérer les invendus des commerçants de quartier sous forme de « panier surprise ». Présente dans 14 pays en Europe et maintenant aux États-Unis, la mission de l’entreprise est d’inspirer et de donner les moyens à tout un chacun de lutter contre le gaspillage alimentaire. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 57 millions de paniers surprise qui ont été sauvés depuis le lancement de l’application en 2016, grâce à ses 31 millions d’utilisateurs.
Campagne de sensibilisation menée par Too Good To Go lors de la Journée Nationale de lutte contre le Gaspillage Alimentaire, le 16 octobre.
Sources :
* https://toogoodtogo.fr/fr/blog |
Emmanuelle BIOJOUT |