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Santé naturelle

Naturopathie, allopathie, quand la collaboration prend tout son sens

naturo-allopathie

M’enfin ! ?

Que dirait donc Hippocrate s’il vivait dans notre contexte socioenvironnemental ?

Considéré comme le plus grand médecin de l’antiquité et initiateur de l’observation clinique, Hippocrate est le père de la médecine. À tel point que l’ensemble des règles morales de “l’art de guérir” est régi selon un serment portant son nom. Il est traditionnellement signé par les médecins avant de commencer à exercer et les autres praticiens naturopathes s’appuient considérablement sur les travaux de ce grand maître.

Pourquoi s’intéresser à une collaboration entre allopathes et naturopathes ?

Aujourd’hui, notre vie est de plus en plus complexe. L’idée de perfection à atteindre tant professionnelle que personnelle est omniprésente et engendre des pressions considérables qui n’en finissent plus chaque jour. Chacun est sollicité de part et d’autre dans une société “en panne”. Et “ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société qui est profondément malade” (Krishnamurti).

Tout va si vite : le rythme de vie, les interactions entre individus, les maux qui en résultent, les propositions de traitement pour y pallier, les scandales associés etc. Notre société en panne et victimaire, est aujourd’hui de plus en plus soucieuse de revenir vers des fondamentaux offerts par Mère Nature. Elle souhaite s’impliquer et se responsabiliser davantage.

Hippocrate affirmait : “Medicus curat, natura sanat”, “Le médecin soigne, mais la nature guérit”.

Au 1er janvier 2018, la France comptait 226 000 médecins en activité, avec une baisse inquiétante. Simultanément, un nombre exponentiel de naturopathes sort chaque année d’écoles privées. Diplômés, ils répondent à une demande de plus en plus forte.

La collaboration allopathie-naturopathie devrait donc pouvoir trouver sa place !

Malgré un riche potentiel de complémentarités, il semblerait que nous n’arrivions pas encore à travailler ensemble. Comment les distinguer alors ?

L’allopathie

Aujourd’hui l’allopathie est, ce que l’on nomme la “médecine conventionnelle”. Notre système de santé français encourage à consulter le médecin dès que quelque chose ne tourne pas rond, ou pour répondre à des obligations réglementaires de manière à rester en “bonne santé”. Réservée aux médecins diplômés Docteur en médecine, l’allo (contraire) – pathie (souffrance) est la médecine officielle qui agit contre la souffrance.

Il s’agit pour le médecin de réagir rapidement face à une maladie qui menace l’organisme : infection, lésion, pathologie, réaction particulière, etc. Le médecin agit sur l’état de santé par évolution médicale “pasteurienne” modifiant quelque peu les bases fondamentales “hippocratiques” : le traitement du symptôme étant prioritaire.

La philosophie de la naturopathie n’est pas de lutter contre la maladie, mais de renforcer la santé. Elle intègre parfaitement bien cette notion d’état complet selon lequel Hippocrate évoquait le fait “d’ôter les causes initiales ayant généré la maladie, connaître et appliquer les lois de la vie”.

En trouvant la cause d’un trouble on en soulage, ipso facto, les symptômes en permettant à notre organisme de développer ses capacités d’auto-guérison. Les diverses mesures d’hygiène (rééquilibrage alimentaire, relaxation, activités physiques, massages…) utilisées sont faites pour renforcer le système immunitaire par les seuls agents de la nature (plantes, eaux, soleil, air…).

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) nous précise que la santé ne consiste “pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité” mais que tout individu doit pouvoir accéder à “un état complet de bien-être physique, mental et social”. La prévention de la maladie est considérée comme supérieure à l’intervention médicale. Et en même temps, l’intervention médicale reste nécessaire quand la maladie est déjà déclarée…

Que se passe-t-il donc alors pour ignorer l’importance de notre complémentarité ?

Force est de constater que nous ne travaillons pas suffisamment ensemble. Il suffit de discuter avec des médecins et des naturopathes pour se rendre compte que le sujet pourrait même être tabou. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Ils freinent ce que nous pourrions envisager être une logique de “coresponsabilité” envers notre patientèle.

La légitimité des uns par rapport aux autres

Un médecin est un professionnel de santé. Il est titulaire d’un diplôme d’état de docteur en médecine. Le cursus d’étude qui dure 8 années – voire plus pour les spécialistes – légitime leur exercice. La grande majorité des naturopathes ne sont pas médecins. Leur cursus d’études varie d’un an et demi à 4 ans. Certaines associations et fédérations (FENA, OMNES, SPN) s’attachent à faire reconnaître la pratique. Elles travaillent sur l’identification et la structuration des savoirs et des compétences requises, pour pratiquer dans un cadre déontologique de référence.

L’implication de chacun

Médecins et naturopathes sont pluridisciplinaires et leurs compétences communes doivent servir de liens fondateurs (anatomie, physiologie, biochimie…). Comme dans chaque métier, nous avons la possibilité d’être plus ou moins investis, plus ou moins compétents, plus ou moins enclins à pratiquer la formation tout au long de la vie. Il n’est donc pas seulement important d’identifier le diplôme ou les années d’études mais bien ce que l’on en fait au quotidien et l’expérience qui nous y mène. Il n’est sans nul doute que l’efficacité dépendra de cette capacité à se former, se remettre en question, à évoluer et faire évoluer son savoir.

Notre collaboration est floutée aussi par l’inconnu.

Toute science appliquée est confrontée à ses limites et toute croyance non vérifiée aussi. Les disciplines permettant de nous différencier sont multiples (phytothérapie, aromathérapie, micronutrition voire médecine quantique…). Il ne suffit plus de se baser sur un cadre et des règles d’intervention mais bien de s’adapter aux situations nouvelles et au contexte.

L’inconnu, face à nos différences, crée une nébuleuse – où l’ego prendra sa place au passage – invitant chacun à rester dans sa zone de confort interventionnelle ; freinant ainsi la cohésion de nos pratiques. La représentation de chacun, le fondement de la personnalité professionnelle, les convictions personnelles, nourrissent cet inconfort collaboratif.

Le système de santé français

Voilà plusieurs années maintenant que notre système de santé français repose sur la gestion de la maladie et des symptômes. Ce système ralentit d’autant plus la “culture de la prévention”. D’autres pays plus enclins au processus de prévention assurent déjà le remboursement par les assurances complémentaires depuis plus de 25 ans (Suisse). La naturopathie est également légalisée dans d’autres pays : Australie, Canada, pays anglophones…

Les facteurs clé de succès

Nous avons la même vocation, nos outils, notre grille de lecture sont seulement différents. Nous pourrions imaginer un maillage de nos compétences pour exercer non pas en termes de compétition mais en termes d’addition ou mieux encore de combinaison.

Nous n’exerçons pas le même métier. Et même si le système de santé français invite davantage au traitement du symptôme qu’à la prévention, nous voyons apparaître peu à peu un changement dans ce paysage médical. Pour autant, pour revenir vers des fondamentaux et créer une dynamique, restons lucides, nous devons, naturopathes, faire le premier pas.

→ Facteur clé de succès
#1 : Être crédible

Il faut se rendre à l’évidence, faute de réglementation, certains praticiens redoutables se flattent de faire de la naturopathie comme Monsieur Jourdain faisait de la prose ! Alors, formons-nous et formons-nous bien. Renseignons-nous sur les écoles de formation, appuyons-nous sur les fédérations de naturopathie pour bien identifier les compétences requises.

Faisons le point de nos propres compétences et savoirs en la matière. La démarche devra être interactive et créatrice. La maîtrise de notre métier suppose une bonne articulation entre nos compétences, nos connaissances, notre expérience et notre capacité à les mobiliser à bon escient.

#2 : Opter pour la posture idéale

Elle suppose l’adéquation de l’attitude à la situation. Pour réussir notre collaboration, il est primordial de présenter notre métier, nos champs d’action, nos limites d’intervention et le respect de notre code déontologique. Il faut rassurer sur nos principes fondateurs.

Nous avons besoin les uns les autres, nous sommes conscients de cela. Le respect de notre pratique commence par le respect de celle des autres. Ne portons jamais aucun jugement sur l’allopathie, restons courtois, et respectons les traitements proposés. Ne critiquons jamais le médecin ou tout autre spécialiste.

Le serment d’Hippocrate interdit d’ailleurs toute notion de critique face à un confrère. Nous sommes là pour développer le système d’auto-guérison de chacun. Le médecin adaptera le traitement en fonction de l’évolution et inversement jusqu’à équilibrage.

#3 : Communiquer efficacement

La naturopathie est un métier entre posture et compétences spécifiques regroupant une multitude de disciplines que les médecins ne connaissent pas forcément. Autorisons-nous à solliciter de l’aide, des partages de connaissances, et mettons dans notre poche nos susceptibilités, nos peurs et notre ego. N’ayons crainte de dire que nous accompagnons l’un de leur patient. Proposons même de discuter ensemble en respectant les mêmes règles de secret professionnel.

Nous pouvons aussi expliquer nos stratégies d’accompagnement et exprimer des réussites. Nous avons besoin des allopathes et spécialistes pour faire notre travail. Un diagnostic posé est facilitant pour le naturopathe. Proposons si besoin et toujours en accord avec le médecin de faire un bilan sanguin ou envisageons une autre hypothèse de recherche.

#4 : Faire tester le bilan de vitalité

Mais oui, qui peut mieux comprendre notre travail que celui qui a expérimenté au moins le premier bilan de vitalité ? Proposons un bilan aux médecins que nous rencontrons. L’iridologie semble être l’outil le plus surprenant aux yeux des allopathes. N’oublions pas que cette discipline a été enseignée en faculté de médecine et qu’elle l’est encore dans d’autres pays du globe.

Expliquons scientifiquement en quoi une plante est adaptée ou donnons du sens à l’utilisation de la micronutrition peut inciter un médecin à vouloir en savoir plus. De surcroît, de nombreuses études cliniques en phytothérapie existent, validant son efficacité.

#5 : Opter pour la proximité

Exercer dans une structure pluridisciplinaire est dynamisant. Chaque moment informel est propice aux échanges. La relation de confiance s’installe peu à peu. Les retours positifs des patients sont favorables à la reconnaissance de notre travail. Si tel n’est pas le cas, demandons à rencontrer les professionnels autour de nous, créons une dynamique et contactons-les de temps en temps. Pourquoi pas, invitons-les à un de nos ateliers d’animation.

Nous avons tout à y gagner aujourd’hui. Le travail collaboratif ne va pas de soi. Il nécessite un effort personnel et une compétence qui s’acquiert peu à peu à partir d’une volonté de cohésion et d’organisation.

L’organisation repose sur des règles qui doivent, dans la réalité, conduire à impulser une dynamique. “Le sommet du dialogue c’est de se mettre d’accord sur ses désaccords” (N. Denoyel). Le naturopathe a sa place dans ce que l’on appelle la médecine intégrative. Cette médecine du futur où les différents acteurs travaillent en collaboration pour le plus grand bien du patient.

Certaines structures travaillant déjà dans cette synergie en obtiennent des résultats très probants. Elles proposent des formations pour nous accompagner dans cette démarche.

Alors n’attendons-plus !

Christel STEFANAZZI
Naturopathe
Saint-Loubès (33) – 06 58 75 49 02
www.pranatura.fr

 

OMNES
c/o KANDBAZ MONTPARNASSE
149 avenue du Maine
75014 Paris
contact@omnes.fr
www.omnes.fr

Syndicat des Professionnels de la Naturopathie
Mas les Ramières
30150 Saint Gernies de Comolas
contact@syndicat-naturopathie.fr
www.syndicat-naturopathie.fr

Fédération Française des Ecoles de Naturopathie
202 rue de la Croix-Nivert
75015 Paris
contact@lafena.fr
www.lafena.fr