S’il est bien un sujet récurrent et polémique dans l’actualité, c’est l’électro-sensibilité. Les informations se succèdent et se contredisent. A coup de communiqués et de contre-communiqués les ondes électromagnétiques passent de dangereux agresseurs à gentils et inoffensifs auxiliaires de notre vie moderne… Du coup, l’envie nous prend d’en apprendre un peu plus sur le sujet…
Champ électromagnétique : définition
Lorsqu’en physique, on parle de champ, on veut traduire l’influence à distance qu’un objet exerce sur son environnement. Le champ caractérise donc une propriété particulière de l’objet. Son influence ne sera active sur les autres objets que si ceux-ci présentent la même propriété que lui. Petit exemple pour que tout soit clair : l’attraction terrestre résulte de la masse de la terre et elle n’est active que sur les objets ayant eux aussi une masse !
Il existe des champs électriques : ils résultent de l’influence d’une charge électrique sur une autre charge électrique. Plus la source est forte et plus on est près d’elle, plus le champ électrique est fort lui aussi.
Lorsque les charges électriques sont en mouvement, elles créent des champs magnétiques qui vont agir sur les autres charges électriques en mouvement.
Et comme ces deux champs sont liés aux charges électriques, ils ont la possibilité d’interagir en créant un champ électromagnétique.
C’est au XIXème siècle, que les physiciens ont mis cette interaction en évidence. C’est d’abord Ampère qui montre qu’un courant électrique qui circule dans un fil, peut dévier l’aiguille d’une boussole placée à proximité. Dans ce cas, le courant électrique a créé un champ magnétique.
Ensuite c’est Faraday qui approche un aimant d’un fil électrique refermé en boucle et qui constate que la présence de l’aimant crée un courant électrique dans le fil. Enfin, toutes ces observations sont reprises par le physicien écossais, Maxwell qui en 1864 met en place une série d’équations mathématiques pour expliciter ces interactions entre champ électrique et champ magnétique.
Ondes électromagnétiques
L’onde électromagnétique matérialise les variations du champ électromagnétique – un peu à la manière des ricochets à la surface de l’eau.
Plusieurs caractéristiques physiques des ondes sont importantes :
- La longueur d’ondeλ : c’est la distance entre deux crêtes successives de l’onde.
- La période : elle représente le temps nécessaire pour que l’onde effectue un cycle complet.
- La fréquence : c’est l’inverse de la période. Elle donne le nombre de cycles par unité de temps. Elle s’exprime en Hertz.
La longueur d’onde et la fréquence sont inversement proportionnelles : plus la longueur d’onde est petite et plus la fréquence est élevée.
Enfin il faut savoir que fréquence et longueur d’onde influencent la quantité d’énergie que l’onde électromagnétique transporte. Plus la longueur d’onde est courte, plus la fréquence est élevée et plus la quantité d’énergie transportée est importante.
Spectre électromagnétique
Lorsqu’on parle de spectre électromagnétique, il s’agit en fait du « catalogue » qui répertorie les ondes en fonction de leur longueur d’onde ou de la quantité d’énergie transportée :
Petit décryptage en partant de la gauche vers la droite :
- Les rayons gamma : ce sont les ondes les plus courtes et transportant un maximum d’énergie. Elles sont émises par les éléments radioactifs et sont extrêmement dangereuses pour les cellules.
- Les rayons X : également très énergétiques, ils traversent plus ou moins facilement les corps d’où leur utilisation en radiologie médicale ou pour le contrôle des bagages dans les aéroports ! Légèrement moins nocifs que les précédents, il est quand même recommandé de ne pas en abuser.
Ces deux types de rayons sont dits ionisants car ils ont la capacité de transformer les atomes qu’ils traversent, en ions. Les rayons suivants ne sont pas ionisants.
- Les ultraviolets, bien connus des vacanciers… S’ils sont capables d’activer la production de la mélatonine et de favoriser la synthèse endogène de vitamine D, ils sont malheureusement nocifs à long terme pour la peau. Heureusement, la nature étant bien faite, la majorité de ces rayons sont arrêtés par la couche d’ozone (enfin, quand l’activité humaine ne la transforme pas en passoire).
- Le visible : c’est la seule partie du spectre électromagnétique, que peut capter l’œil humain. Cette infime partie du spectre, contient l’ensemble des couleurs de l’arc-en-ciel.
- Les infrarouges : ces rayonnements sont émis par tous les corps dont la température est supérieure au zéro absolu. Certains appareils d’optique peuvent les détecter et sont très utilisés par les chasseurs ou les militaires.
- Les micro-ondes sont intermédiaires entre les infrarouges et les ondes radio. On les connaît surtout par leur utilisation dans les fours du même nom ! Ces ondes sont en effet capables d’orienter les molécules d’eau contenues dans les aliments. Ces molécules s’orientent en fonction du champ électrique. C’est leur mise en mouvement qui provoque l’élévation de la température… Et quand on voit la vitesse du phénomène, on est bien obligé d’admettre que cela n’a rien d’anodin !
Les ondes radio : vous savez ces fameuses ondes courtes ou longues qu’il fallait chercher à capter pour recevoir sa station de radio préférée ! Bon d’accord j’imagine bien que si vous avez moins de 50 ans, cela ne vous dit rien ! Quoi qu’il en soit, ces radiofréquences émises entre autres par les téléphones portables ou les antennes relais, sont au cœur de la polémique. - Enfin, on trouve les ondes très basses fréquences et extrêmement basses fréquences ; il s’agit de la fréquence du courant électrique alternatif et on la trouve par exemple près des lignes à haute tension mais également le long des voies ferrées.
L’électro-sensibilité
Maintenant que nous nous sommes un peu repérés dans la jungle des ondes électromagnétiques, il est temps de nous intéresser à l’électro-sensibilité.
Pour faire simple, disons que c’est dans les années 1980 que l’on a commencé d’entendre parler d’électro-sensibilité. Celle-ci se présente comme une allergie : en présence des allergènes (ici les ondes électromagnétiques) les symptômes apparaissent. Ils s’aggravent avec le temps : les réactions sont de plus en fortes, les doses allergisantes de plus en plus faibles.
Quels sont les symptômes ?
Il semble que l’une des premières manifestations soit une sensation de chaleur autour de l’oreille lorsque l’on utilise son téléphone portable. Cette sensation disparaît rapidement quand la conversation est terminée, mais elle devrait être considérée par tout un chacun, comme une puissante sonnette d’alarme.
Lorsque l’on prend le temps de consulter plusieurs sites consacrés au problème de l’électro-sensibilité, on découvre que la liste des symptômes peut être très longue :
- Maux de tête : localisés à un point précis ou plus diffus, sous forme de picotement ou ressentis comme des douleurs intracrâniennes, sensations d’arrachement.
- Tensions à l’arrière de la tête, dans la nuque ou les épaules.
- Manifestations cutanées pouvant aller jusqu’à des brûlures.
- Perturbation du sommeil : réveils fréquents, périodes d’insomnies, sommeil non réparateur…
- Nervosité intérieure, hyperactivité, irritabilité, anxiété, dépression.
- Difficultés de concentration, d’apprentissage ou de mémorisation.
- Troubles de l’audition : acouphènes, hyperacousie.
- Douleurs dans les membres et le corps, souvent comparables à des rhumatismes.
- Tremblements, troubles du rythme cardiaque, troubles de l’équilibre, de la vision.
- Nausées, sensation de serrement dans le ventre au niveau des viscères…
Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive. De plus, les symptômes répertoriés peuvent faire penser à bien d’autres pathologies au premier rang desquelles le stress et le burn-out.
Il faut cependant noter que des signes cliniques sont souvent associés au problème de l’électro-sensibilité. Il s’agit de :
- Perturbation du système endocrinien.
- Perturbation du système immunitaire.
- Perturbation du système cardiaque et vasculaire.
- Perturbation dans le fonctionnement des cellules…
Néanmoins, les personnes concernées sont rarement diagnostiquées. A cela on peut avancer plusieurs raisons :
- La non-formation du corps médical : l’électro-sensibilité ne fait pas partie des cours de la faculté de médecine, et le personnel soignant n’est pas formé pour identifier les symptômes de la maladie.
- Les nombreuses similitudes des symptômes avec d’autres pathologies existantes : d’analyse en examens, l’errance des malades peut se poursuivre plusieurs mois voire plusieurs années.
Du coup, certains électrosensibles sont tellement handicapés par leurs symptômes que leur vie devient un enfer : ils sont obligés d’abandonner leur travail et de se couper du monde pour se protéger des ondes électromagnétiques. Car les zones blanches (indemnes de pollution électromagnétique) sont malheureusement de plus en plus rares.
En 2005, l’OMS a reconnu que « l’électro-sensibilité était caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre » mais qui « ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable ».
En France, la maladie est reconnue comme une pathologie réelle depuis 2009, mais les médecins qui la connaissent et sont capables de la reconnaître sont extrêmement rares. A ce niveau, il faut bien admettre que nous sommes moins bien lotis que nos voisins anglais, allemands ou suédois !
Le problème se complique d’autant plus, que les dernières études montrent que de nombreux facteurs aggravants existent :
- Intoxication aux pesticides, herbicides et autres biocides largement utilisés en agriculture qu’elle soit extensive, intensive ou familiale.
- Intoxication aux métaux lourds au premier rang desquels sont pointés le mercure, l’aluminium et le palladium.
- Intoxication à toutes sortes de polluants chimiques : peintures, produits de traitements, colles, plastiques….
Que peut-on faire ?
Il est déjà possible de faire un auto-diagnostique simple : si l’on souffre de l’un ou de plusieurs symptômes précédemment décris, il suffit de faire un test sur une nuit par exemple : éteindre l’ensemble des appareils (et ne surtout pas les mettre en veille), voire couper l’alimentation électrique de la maison… Et constater ce qui se passe ! Si les symptômes disparaissent ou s’atténuent, alors le risque est avéré.
On peut aussi agir préventivement. Il ne faut pas oublier en effet que l’électro-sensibilité vient rarement d’un seul coup, mais qu’elle est le résultat d’une longue exposition aux ondes électromagnétiques.
Voici quelques pistes à suivre :
- Limiter la durée des conversations téléphoniques sur les téléphones portables et les téléphones sans fil.
- Toujours éteindre un appareil électrique non utilisé et surtout ne pas utiliser le mode « veille ».
- Faire contrôler son installation électrique par un professionnel afin de repérer les « fuites » et les mises à la terre défectueuses, et si besoin faire procéder à un recâblage de l’installation.
- Eviter au maximum le contact avec des polluants chimiques.
- Faire des cures régulières de détoxification, et envisager très sérieusement une chélation des métaux lourds.
- Enfin, la prise d’antioxydants peut être suggérée.
De tout temps l’être humain a été confronté aux ondes électromagnétiques même s’il n’en avait pas conscience. Le rayonnement solaire, la foudre, les champs magnétiques ont toujours fait partie de notre environnement.
Mais ce qui a changé c’est la concentration des ondes, leur multiplication et principalement celles des ondes radio. Sans doute l’être humain dispose d’une grande capacité d’adaptation à son environnement, mais cela lui demande des millénaires, pas 50 ans !
Les personnes souffrant d’électro-sensibilité sont justes des témoins malheureux, victimes d’un développement humain anarchique et incontrôlé et non ces « doux dingues » que nous présentent parfois les médias !
A bon entendeur, salut !
Par Christiane Pascale.