Proverbe indien : “Traitez la Terre avec respect ; ce ne sont pas vos parents qui vous l’ont donnée, elle vous a été prêtée par vos enfants”.
D’autres l’ont dit avant moi : nous faisons partie de ce Grand Tout, en interdépendance et interrelation. Nous autres humains évolués, nommés Sapiens, utilisons la richesse que nous offre notre planète, assurant ainsi notre survie. Mais nous ne pouvons pas évoluer en humanité et en sécurité sans en prendre soin. Les animaux sont nos alter ego.
Les plantes et la nature sont notre oxygène. L’alliance avec tous les règnes est notre avenir. Évoluer en humanité, c’est aller sur un chemin de pacification envers tout le vivant sans exception.
Nous avons établi une échelle de valeur avec une grande méconnaissance de cet immense système vivant où nous sommes tous liés au-delà même de ce que nous imaginons. Manque d’humilité, inconscience, irresponsabilité, omniprésence, sacrilège… Nous traversons une situation de crise extrême.
Parlons de relation, de communion, de symbiose
Nous ne sommes pas les seuls êtres vivants sur notre planète à savoir établir des règles, des liens, une entraide. Les animaux communiquent entre eux et avec nous. Ils ont leur propre stratégie et hiérarchie. S’ils n’ont pas la parole en tant que telle et un système de pensées aussi élaboré que le nôtre avec notamment cette capacité à symboliser, ils se font comprendre par un regard, par leurs mouvements et les sons qu’ils émettent.
Avec nos animaux domestiques, nous pouvons même nous comprendre par mimétisme et par empathie. Le chien peut apprendre jusqu’à 200 mots en moyenne. Nous avons tous fait l’expérience d’une relation singulière avec un animal même si nous n’y sommes pas tous sensibles de la même façon.
L’animal n’est pas un objet. Il y a beaucoup de maltraitance et d’abandon comme s’il ne ressentait rien ou ne représentait rien. Ce qui entraîne évidemment un impact écologique (élevage intensif par exemple) et un impact psychologique (émotionnel, spirituel).
Nous nous coupons de cette évidence : la nature est notre meilleure thérapeute. Les animaux sont nos alliés. Toutes les sociétés archaïques et/ou vivant au plus près de la nature sont les témoins/acteurs d’une cohabitation possible et nécessaire. Nos sociétés modernes organisent génocides et esclavagismes (travail et tourisme). Ce n’est même pas la question d’être végétarien ou non mais d’être au plus près de leurs besoins et de leur bien-être comme nous serions au plus près de nos besoins et de notre bien-être.
Comment revenir à cette simplicité et à cette humilité où œuvrent la bonté et la bienveillance ? L’alliance avec les animaux est le socle de notre évolution en conscience, en amour et en liberté. Les animaux sauvages, les plus petits (abeilles) comme les plus grands (éléphants), ont aussi tant à nous apporter. Ils participent à notre écosystème créant une communauté variée permettant le maintien de la vie.
Autre exemple de symbiose : la sylvothérapie. Depuis la nuit des temps, nous ressentons bien la vibration transmise au contact des arbres. Le bain de forêt régénère. S’adosser à un arbre permet de développer tous nos sens : le toucher, l’odorat, l’ouïe… de s’offrir un temps de méditation. Nous pouvons profiter de leur présence bienfaisante et généreuse un peu partout autour de nous. Ressourcement, oxygénation, nourriture… L’alliance avec la nature est le socle de notre bien-être et de notre santé.
Dominateurs, prédateurs, inconscients… nous pouvons tout entendre de nos travers. Et si au fond de nous, nous pouvions retrouver l’essence même de cette “reliance” pour ralentir ce processus de destructivité ? Posons-nous cette question aussi : notre santé globale était-elle bien plus liée que nous le pensons à l’énergie de la terre et à la présence des animaux ? Je reste convaincue qu’une nouvelle ère peut s’ouvrir à nous car nous captons de plus en plus intuitivement cette relation possible au-delà des mots. Nous avançons vers ces prises de conscience. Nous voyons bien tous les mouvements de défense de la nature et des animaux, nous voyons bien qu’être chamane est avant tout un don qui nous fait revenir à nos origines, revenir à la source pour retrouver notre chemin d’âme.
Comment aiguiser cette sensibilité à leur encontre et prendre vraiment soin d’eux ? Nous prenons soin de nous en prenant soin d’eux. Nous prenons soin de nous en prenant soin de la planète et de tous ses règnes. Pourquoi parle-t-on de plus en plus de communication animale ? Pourquoi nous connecter à l’énergie de la terre et être en lien avec tout ce qui fait mûrir notre humanité en développant une empathie pour ne pas dire une sympathie ? Nous avons fini par reconnaître, études à l’appui, que les animaux pouvaient ressentir des émotions. Je crois intimement que notre pérennité sur notre terre passera par leur protection.
J’observe la nature tous les jours et je suis touchée par l’énergie positive de chacun de ses règnes : animal, minéral et végétal. Je trouve magique ce renouvellement permanent. Je savoure l’harmonie de ces mondes dont je fais partie. Tout un monde de poésie, de formes changeantes, de couleurs et d’odeurs qui accompagnent ma journée. Tout semble parfait.
Chaque initiative respectueuse est indispensable à notre survie. C’est la part du colibri ! La décroissance, le partage… Pierre Rabhi est un initiateur, d’autres, bien d’autres portent cette parole de sagesse. Matthieu Ricard et son plaidoyer pour les animaux… Notre challenge est de stopper cette barbarie à grande échelle qui officie ces dernières décennies. Stop à la gabegie, stop à ce qui est intolérable. La planète crie au secours. Les feux, la pollution, la disparition de nombreuses espèces sont les témoins de notre errance. Nous ferions encore et toujours comme si cela n’existait pas ? Le déni est un gouffre sournois qui ne tiendra pas longtemps encore. Il se passe aujourd’hui une grande r-évolution. Nous sommes en chemin et plus nous l’évoquons et l’incarnons, plus nous permettons le changement.
L’espoir d’une mutation
Plus nous pensons ensemble dans un esprit libre et constructif, plus nous développons un désir d’égalité et de fraternité. C’est une minorité au pouvoir qui fait la pluie et le beau temps sur les grandes décisions de notre monde. Et la nature est la première à payer cette irresponsabilité et ce déni du précieux de toutes formes vivantes. C’est un vrai travail à la fois d’éducation mais aussi de pacification en soi. Je reste convaincue que nous devons avant tout trouver notre propre chemin d’acculturation. Je suis convaincue que le retour en soi pour alchimiser nos passions permettra de transformer cette société, certes en pleine évolution et pas encore aboutie, mais dont les changements doivent au moins être à la mesure de la rapidité exponentielle de la destruction engagée depuis des décennies.
Oser le vivant, c’est prendre soin de notre environnement. Tout ne peut pas être vu uniquement sous l’angle du profit et du superficiel. Chaque animal et chaque végétal qui disparaît pour le compte d’un artifice, d’un caprice, d’un amusement, sont un sacrilège à soi-même. Nous avons besoin les uns des autres. Notre complémentarité raciale et culturelle est une richesse sans limite. Ne tuons, si nous devons tuer, que pour des raisons indispensables et non pas pour satisfaire une pulsion de plaisir. Restons sobres en toute chose pour revenir à l’essentiel de sa vie avec l’éloge de la décroissance qui m’est si chère.
Regardez bien autour de vous. Regardez cette diversité dans laquelle nous vivons. Nous sommes gâtés. Il y a tant et tant d’espèces animales, végétales… Bénissez cette profusion. Prenez soin de ce cadeau miraculeux. À chaque fois que vous posez un regard aimant et reconnaissant, vous vous offrez cet espace de réconciliation. À chaque seconde où vous ressentez votre cœur s’ouvrir quand vous observez la beauté de toute chose, vous bénissez notre planète et tous ses règnes. Lorsque vous portez votre attention sur la beauté et prenez la mesure de la générosité de notre nature, vous lui redonnez ses lettres de noblesse. Vous prenez conscience du soin qu’elle demande et vous prenez conscience du miracle de la vie. Il n’y a pas de petites actions pour sauvegarder notre monde. Il n’y a pas de petites actions pour prendre soin de vous et de votre environnement.
Dans mon livre “Oser le vivant, Naître à soi-même”, j’aborde des thèmes très actuels. Dans une époque surmédiatisée et déshumanisée où “paraître”, “posséder”, “être vu” et “être aimé” prennent le pas sur “Être”, nous perdons le sens des priorités pour suivre des voies oppressantes de futilités. Dans notre course au succès, à l’argent ou au pouvoir, on oublie de se poser les questions fondamentales, d’aller à la rencontre de ce que nous sommes intérieurement. Pour accéder à une sérénité, un bonheur simple mais authentique, il est indispensable d’interrompre notre fuite en avant pour revenir à l’essentiel, à nos aspirations, nos failles, notre Être véritable.
Dans cette quête de vérité, de transparence envers nous-mêmes, les obstacles sont nombreux mais nécessaires, car il convient de se questionner, d’identifier et d’affronter pour évoluer. Se confronter à la douleur de la mort pour la percevoir comme une occasion de renouveau, s’interroger sur son alimentation pour apprendre à se connaître en profondeur, appréhender ses peurs comme un moyen de se dépasser sans cesse, savoir aller vers soi pour mieux aller vers l’autre… Autant de manières d’oser le vivant, de naître à soi-même.
Oser le vivant, c’est oser dire non à notre société d’ultralibéralisme, d’ultraconsommation, d’ultramanipulation… C’est un premier pas. Nous pouvons repenser le bien vivre ensemble en respect des lois fondamentales. Beaucoup s’y attellent ! Il y a bon nombre d’initiatives et c’est très encourageant. Nous sommes tous des colibris ne l’oubliez pas. Il n’y a pas de petits efforts. Tout est possible et toute action a une grande valeur pour le collectif ici et là-bas. Nous avons tous une responsabilité personnelle dans tous les actes de notre vie quotidienne.
Le règne animal, végétal et minéral sont notre propre nature. En chacun de nous, il y a un animal qui sommeille, un végétal qui correspond à sa sensibilité et un minéral qui résonne. Je pense à toutes ces thérapies vibratoires : homéopathie, gemmothérapie, lithothérapie, élixirs floraux… je pense au chamanisme. Chacun est l’élément et l’ensemble à la fois de chaque chose. C’est de cela dont je parle quand j’évoque l’interrelation et l’interdépendance. Tout est en nous.
Un monde à construire – entrons en résistance
La liberté est une quête. De quoi est-ce que j’ai vraiment besoin ? Vivre en bonne entente avec les autres, c’est savoir se priver. C’est travailler le discernement et aller vers ce qui pollue le moins et impacte le moins. La peur est un des obstacles à notre liberté !
Oui nous sommes vulnérables. Cette vulnérabilité est inhérente à notre condition humaine. Nous avons le devoir de nous questionner sur notre finitude. Elle pose un arrêt sur image pour reprendre l’évidence du partage et du soutien. Notre épanouissement passe par l’épanouissement collectif. Être et vivre ensemble, humains et animaux, est une gageure pour notre évolution. Vouloir tout posséder et tout maîtriser n’est pas la solution. Notre pire ennemi est le pouvoir que nous donnons à nos mécanismes de survie et de surprotection.
L’ouverture du cœur ne garantit pas la vie éternelle mais le bonheur d’une cohésion en soi tournée vers les autres. Ces autres qui nous ressemblent et ces autres, les étrangers, les animaux, les “différents”. Une vie vivante, c’est privilégier le lien à l’autre. Altérité, compassion, partage. Même manger en conscience, se soigner en conscience, c’est la question de la liberté. Cela ne parle pas de performance et de réussite sociale mais d’équilibre et de détachement.
Toute vie humaine suppose la frustration, l’effort et la réflexion. Pensées très philosophiques, mais nous ne pouvons pas aujourd’hui faire l’économie d’une pensée décalée qui permettrait à notre société à revenir à du bon sens. Nous voulons tout et ce Tout, encore une fois, n’est pas possible. Faisons les choix nécessaires et impératifs : collaboration, coopération, cocréation… La souffrance des animaux est le miroir d’une pauvreté intellectuelle et émotionnelle. Ils sont les victimes de notre profond égoïsme et d’un déni de cette symbiose que j’évoque dans cet article. L’esclavagisme, le tourisme de masse et low cost, le tourisme qui abuse des animaux pour l’amusement et la destruction de bon nombre d’espèces sont les témoins de notre auto-sabotage.
Ce qui se développe de plus en plus en conscience : la médiation animale
Des accompagnements auprès des animaux pour se reconnecter à notre humanité et notre véritable nature : nous retrouvons ces voyages initiatiques auprès des éléphants, des baleines, des dauphins, des chevaux, des singes… Je le mets en place tous les ans : “Voyage en soi sur la terre des éléphants”.
Rencontre hors du temps avec la présence sacrée des éléphants. Nous sommes dans les pas des éléphants avec des propositions de temps de marches en silence et de temps collectif pour exprimer ce qui se traverse en lien avec l’énergie des éléphants, nos grands enseignants. Nous faisons évoluer les mentalités dans le rapport à l’animal. L’éléphant est un grand médiateur pour cela. Nous nous installons dans un espace d’Accueil, de Présence et d’Écoute pour une mise au travail toute particulière qui permet de se déposer et de prendre conscience de ce qui est essentiel.
“Tu as le secret de la transformation de la violence et de la colère en douceur… Enseigne-moi !!! Je contacte ta souffrance par la magie du corps à corps et je contacte la transmutation de cette souffrance que tu me transmets. Ce ressenti entraîne en moi une vague d’émotions, un sanglot que je ne stoppe pas : les larmes éléphants ont un pouvoir de régénération. Inexplicable et non interprétable, juste à accueillir et à laisser aller.
Je me sens bercée, je suis couchée sur le ventre sur la belle et sa chaleur ainsi que son pas moelleux me ramène à un ancien temps de ma vie ou d’une autre, une vie d’avant ou d’ailleurs ? Je ne sais et je laisse passer “le quoi et le comment” pour ne vivre que l’instant présent de cette communion en vérité. À chaque éléphante approchée, une même rencontre sans barrières, sans retenues. Je bénis mes larmes éléphant.
Cette “reliance” permet tous les jours un peu plus un lâcher-prise, une descente en moi dans mes profondeurs, dans l’inconnu, dans le refoulé. Je ne sais pas ce qui émerge, ce qui se révèle alors en douceur pour se déposer dans mes larmes. Je reconnais des larmes de libération et je reconnais la joie d’être là. Je sais que je devais être là. Bienvenue chez moi. Le peuple des éléphants est mon peuple. Je retrouve ma famille. Je sais où je dois être et comment, dans ma vie quotidienne, je vais pouvoir me relier à ma source. Je sais, comme chacune, transmuter toute souffrance en puissance et en sagesse. La douceur de ma vie revient en moi et me fait reprendre mon souffle. Je quitte l’apnée d’une vie intense et bien trop orientée encore vers le faire, même si je suis en chemin de l’Être à chérir en priorité. J’apprends que la vie m’est donnée et que je peux m’y installer avec ce qui est l’élan de vie et de passion que je n’ose pas toujours révéler. Joie et gratitude ! Larmes éléphants comme larmes du petit enfant qui découvre la beauté du monde malgré tout”. (Mai 2017).
J’ai osé vivre un temps unique avec les éléphantes. D’autres, dans mes stages, osent le vivre intensément aussi. Ils sont témoins de cette connexion sacrée. Tous ces jours en leur présence et au plus près d’elles, d’âme à âme, ont permis de se connecter à une grande force. Leur puissance malgré les épreuves enseigne que nous avons tout cela, en nous. Ici ou ailleurs, le lien au monde animal nous rend humble, généreux et sensible.
L’appel des éléphants, c’est comme l’appel de la vie. C’est un moyen de prendre conscience de ce qu’il y a à faire dans le monde pour arrêter toute maltraitance et tout sacrilège envers la vie sous toutes ses formes. L’agir en ce sens met en soi des mouvements de vie, des étincelles divines respectueuses de tous les règnes. La façon dont notre société accapare les richesses de la planète est la pire des façons de nous couper de notre essentiel. Le retour à la nature, que nous avons tant besoin de savourer dans nos congés, est le témoin de nos origines. Nous savons intuitivement que c’est vital de rester en contact avec cette nature sous toutes ses dimensions. Il ne suffit pas de se l’offrir sur un temps de vacances, il est important d’écouter cet appel et de le vivre au quotidien pour le plus grand respect de notre environnement et notre plus grand respect.
Des stages en communication animale
Tout être humain possède des capacités de télépathie avec les animaux. Cela permet de nous ouvrir à leurs besoins mais aussi de recevoir les messages qu’ils pourraient nous transmettre dans leur plus grande sagesse. “Nous sommes la nature, nous sommes le vivant, nous devons retrouver notre juste place – Cyril Dion”.
Plaidoyer :
- Consommer local et bio – Se soigner au naturel.
- Reprendre une agriculture sensée et modérée y incluant des élevages à dimension humaine – Favoriser l’agroécologie.
- Revégétaliser avec le plus de variétés possibles – Interdire la déforestation – Limiter l’urbanisation.
- Voyager en mesurant l’impact écologique.
- Ouvrir des espaces de parole : café philo, atelier philo pour les enfants.
- Interdire le commerce des animaux domestiques et sauvages, vivants ou morts. Limiter la consommation des animaux.
- Rester humble – Avoir de l’empathie pour tout le vivant.
- Savoir partager les richesses Ho’oponopono : Je suis désolé, Pardonne-moi s’il te plaît, Merci, Je t’aime.
Carole Bertrand-Vivier
Psycho-somatothérapeute, psychanalyste, auteure
www.carolebertrand.com
Auteure d’”Oser le vivant, Naître à soi-même” – Edilivre
Fondatrice de “Voyage en soi sur la terre des éléphants” – automne 2020 – www.carolebertrand.com
Sapiens, une brève histoire de l’humanité – Yuval Noah Harari
Plaidoyer pour les animaux – Mathieu Ricard
Vivre mieux sans croissance – Pierre Rabhi
Philosopher et méditer avec les enfants – Frédéric Lenoir
La terre en héritage – Jean-Marie Pelt
Trois amis en quête de sagesse – Mathieu Ricard, Alexandre Jollien, Christophe André