L’insuffisance de sommeil est un problème de santé publique important, en particulier chez les enfants et les adolescents1. Un tiers des enfants souffrirait de troubles du sommeil et environ 20% d’entre eux signaleraient une somnolence diurne excessive2. Chez les adolescents, les taux semblent être similaires, voire supérieurs.
Ces troubles chez les enfants et les adolescents ont des conséquences à court et à long terme sur divers aspects de la santé : capacités cognitives réduites, troubles comportementaux, diminution des performances, diminution du système immunitaire, dégradation de la qualité de vie… La sieste, souvent négligée en grandissant, serait pourtant une stratégie utile pour réduire ces effets négatifs.
D’après une récente étude menée en Chine dans près de 4000 écoles, la sieste possède de nombreux impacts bénéfiques sur la santé mentale des enfants et des adolescents, ainsi que sur leur réussite scolaire3. En effet, la pratique de la sieste a été associée de manière significative à une plus grande joie de vivre, à une plus grande détermination et à une meilleure maîtrise de soi. Les résultats indiquent également une meilleure cognition, une réduction des problèmes émotionnels et comportementaux, ainsi qu’un QI verbal plus élevé et de meilleurs résultats scolaires. D’après les chercheurs, les enfants qui font la sieste trois fois par semaine connaissent une augmentation de 7,6% de leurs résultats scolaires. Les meilleurs résultats ont été associés à des siestes d’une durée allant de 30 minutes à 2 heures, répétées 5 à 7 fois par semaine.
Les scientifiques estiment que la régulation circadienne engendrée par la pratique de la sieste sur les fonctions du sommeil pourrait jouer un rôle dans l’amélioration du métabolisme physiologique. De plus, un apport supplémentaire de sommeil paradoxal au cours de la journée s’avère être bénéfique pour les domaines psychologiques et émotionnels. La relation entre les siestes et leurs bienfaits psychosociaux pourrait s’expliquer par les caractéristiques propres des adolescents en matière de régularité et de routine. En effet, il a déjà été démontré que les individus ayant une régularité et des rituels dans leur vie quotidienne possèdent une meilleure maîtrise de soi et un plus grand bonheur4,5.
En France, de nombreux spécialistes alertent régulièrement les autorités sanitaires à propos des troubles du sommeil chez les enfants et les adolescents. Téléphones portables, ordinateurs, jeux vidéo… les facteurs influençant l’heure du coucher se multiplient et ne sont pas toujours évidents à contrôler pour les parents. La réhabilitation de la sieste à l’école apparaît alors comme une première solution afin de lutter contre la dette de sommeil qui a tendance à se créer chez des enfants de plus en plus jeunes.
Références :
1. Group ASW. School start times for adolescents. Pediatrics. 2014;134(3):642-649.
2. Mindell JA, Owens JA. A clinical guide to pediatric sleep: diagnosis and management of sleep problems. Lippincott Williams & Wilkins; 2015.
3. Jianghong, Rui Fen & Al. Midday napping in children: associations between nap frequency and duration across cognitive, positive psychological wellbeing, behavioral, and metabolic health outcomes. Sleep, Volume 42, September 2019.
4. Duckworth A. Grit: The powerof passion and perseverance.Simon and Schuster; 2016.
5. Carr A. Positive psychology: The science of happiness and human strengths.Routledge; 2011.