À la fois vitamine et pro-hormone, la vitamine D est essentielle au fonctionnement de l’organisme et possède de nombreux bienfaits. Elle participe au maintien d’une bonne santé osseuse et dentaire, elle est essentielle à la croissance osseuse des enfants et contribue à l’absorption du calcium et du phosphore et à leur utilisation par l’organisme. Elle contribue au maintien de la concentration sanguine en calcium, participe au maintien des fonctions musculaires et intervient dans le processus de la division cellulaire. Enfin, les besoins en vitamine D peuvent être accrus à certaines périodes de la vie et dans certaines conditions : chez les nourrissons, les enfants et les adolescents, les femmes enceintes ou qui allaitent, les seniors, les fumeurs, les personnes sous régimes restrictifs (hypocaloriques, végétariens…) ou en surpoids et chez les personnes s’exposant peu au soleil.
La vitamine D joue un rôle dans le système immunitaire
Une carence en vitamine D a été signalée dans plusieurs affections chroniques associées à une inflammation accrue et à une dérégulation du système immunitaire, telles que le diabète, l’asthme et la polyarthrite rhumatoïde1. Ces observations, associées à des études expérimentales, suggèrent un rôle essentiel de la vitamine D dans la modulation de la fonction immunitaire. Cela conduit à l’hypothèse d’une altération spécifique du métabolisme de la vitamine D et renforce le rôle de la vitamine D dans le maintien d’un système immunitaire sain.
Deux observations clés valident cette action importante de la vitamine D. Premièrement, le récepteur de la vitamine D est exprimé par la majorité des cellules immunitaires, y compris les lymphocytes B et T, les monocytes, les macrophages et les cellules dendritiques. Deuxièmement, la signalisation de la vitamine D et de son récepteur ont ensemble un rôle suppresseur sur les pathologies auto-immunes et un effet anti-inflammatoire, favorisant la différenciation des cellules dendritiques et régulatrices des lymphocytes T et réduisant la sécrétion de cytokines inflammatoires.
Et si la vitamine D était efficace contre la Covid-19 ?
Plusieurs équipes de recherche se penchent actuellement sur la vitamine D pour limiter l’infection au coronavirus ou la gravité de la Covid-19.
Dans un communiqué2 du 22 mai 2020, l’Académie nationale de médecine mettait en avant les bienfaits de la vitamine D et son importance dans la lutte contre la Covid-19. En effet, outre son rôle dans l’absorption intestinale du calcium et sa fixation osseuse, l’Académie précise que la vitamine D module la réponse immunitaire par stimulation des macrophages, des cellules dendritiques et régule ainsi la suppression de la réponse cytokinique à l’origine du syndrome de détresse respiratoire aigu qui caractérise les formes sévères de la Covid-19.
Dès le mois de mai, des chercheurs de l’université Northwestern (États-Unis), affirmaient que les patients atteints de la Covid-19 déficients en vitamine D avaient deux fois plus de risques de développer une forme grave de la maladie que les autres.
Par ailleurs, une revue publiée en octobre 20203 donne un aperçu des connaissances sur le profil épidémiologique de la Covid-19, les mécanismes moléculaires de la tempête de cytokines induite par le SRAS-CoV-2 et les réponses immunitaires, les changements physiopathologiques qui surviennent lors de l’infection, les principaux composés antiviraux utilisés dans les stratégies de traitement et les médicaments potentiels pour cibler les cytokines. Ces informations sont présentées pour fournir des conseils précieux pour d’autres études et pour une réduction thérapeutique de cette réponse immunitaire excessive. En effet, une suractivation immunitaire systémique due à une infection par le SRAS-CoV-2 provoque la tempête de cytokines, ce qui est particulièrement remarquable chez les patients gravement malades atteints de la Covid-19. Des éléments de preuve provenant d’études actuelles ont montré que la tempête de cytokines peut être un facteur important dans la progression de la maladie, conduisant même à une défaillance de plusieurs organes et à la mort.
La vitamine D pourrait empêcher notre système immunitaire de devenir dangereusement hyperactif en modulant la réponse des globules blancs et en empêchant de libérer trop de cytokines inflammatoires.
De plus, dans une autre étude4 dont les résultats ont été publiés le 27 octobre 2020, des chercheurs de l’hôpital universitaire Marqués de Valdecilla, à Santander (Espagne) se sont rendus compte que près de 80 % des patients atteints par la Covid-19 présentaient des carences en vitamine D. Chez les personnes présentant des taux de vitamine D corrects ou qui se sont supplémentés en vitamine D par voie orale, les admissions en soins intensifs pour cause de Covid-19 sont bien moins importants. De plus, le déficit en vitamine D était beaucoup plus marqué chez les hommes que chez les femmes. “Beaucoup de facteurs peuvent expliquer pourquoi les hommes atteints de la Covid-19 ont des taux de vitamine D plus faibles que ceux des femmes”, indique Jose Hernandez, co-auteur de l’étude et docteur en neurophysiologie à l’université de Cantabrie, située à Santander. “Cela peut se jouer notamment dans les habitudes de vie, le régime alimentaire ou d’autres comorbidités.”
Se supplémenter oui, mais à quelles doses ?
L’Académie précise que la vitamine D ne peut être considérée comme un traitement préventif ou curatif à elle seule, mais qu’elle pourrait intervenir comme un adjuvant à toute forme de thérapie, en atténuant la tempête inflammatoire et ses conséquences. Elle recommande donc de doser le taux sérique chez les personnes de plus de 60 ans atteintes de Covid-19 et d’administrer une dose de charge de 50 000 à 100 000 UI afin de limiter les complications respiratoires. Pour les personnes âgées de moins de 60 ans et chez les personnes atteintes de la Covid-19, l’Académie suggère une complémentation de 1 000 UI par jour.
Notons qu’actuellement, l’ANSES recommande un apport journalier de 15 mcg de vitamine D (soit 600 UI) pour la population adulte générale5… Taux recommandés qui devraient être revus à la hausse selon de nombreuses études. En l’occurrence, l’Académie Nationale de Médecine préconise 1 000 UI par jour6 et la revue médicale Anticancer Research publie des recommandations allant de 4000 à 8000 UI par jour7. Un éditorial écrit par une cohorte de chercheurs de renom dénonce une situation frustrante et regrettable, allant même jusqu’à accuser les pouvoirs publics de négligence face aux faibles recommandations actuelles8.
Des apports souvent insuffisants en hiver
Bien que le lien entre carence en vitamine D et risque de forme grave de Covid-19 doive encore être étayé et vérifié par de nouvelles études, il semble bon de conseiller tout un chacun de faire une cure de vitamine D en hiver.
En effet, les carences sont fréquentes dans la population. En décembre 2019, l’organisme Santé Publique France publiait les résultats de l’étude Esteban, réalisée de 2014 à 2016 sur un échantillon d’enfants de 6 à 17 ans et d’adultes de 18 à 74 ans tirés au sort résidant en France métropolitaine. Concernant la vitamine D, elle révélait que seul 1 adulte sur 4 et 3 enfants sur 10 atteignaient un seuil adéquat de vitamine D. Cela peut s’expliquer par une alimentation pauvre en vitamine D et par le fait que sous nos latitudes, l’exposition au soleil, qui contribue largement à la production de vitamine D, n’est pas assez forte pour combler nos besoins.
Quelle forme choisir ?
Il existe deux formes de vitamine D dont leur formule chimique brute diffère d’un unique atome de carbone : la vitamine D2 (ergocalciférol) et la vitamine D3 (cholécalciférol). Elles ont des origines différentes : la vitamine D2 provient d’un apport alimentaire essentiellement végétal tandis que la vitamine D3, en plus d’une origine alimentaire animale (ou végétale grâce au lichen), est aussi synthétisée lorsque la peau est exposée aux rayons du soleil.
Les vitamines D2 et D3 se métabolisent toutes les deux dans le foie en calcifédiol. Le passage de celui-ci dans les reins conduit ensuite à la libération du calcitriol, la forme active et utilisable de la vitamine D9. Toutefois, des travaux ont montré que la vitamine D3 augmentait de manière plus importante le taux de calcitriol dans l’organisme10. Par ailleurs, la vitamine D2 est moins stable que la D3 : elle est plus sensible à la chaleur et à l’humidité11. Une supplémentation en vitamine D3 est donc préférable. De plus, au-delà d’être plus efficace, elle est mieux assimilée par l’organisme.
Où la trouver ?
La vitamine D3 est naturellement synthétisée par l’organisme au niveau de la peau sous l’action des rayons solaires (UVB). Toutefois en hiver, le taux d’ensoleillement de plus en plus faible induit une très forte réduction de sa synthèse : le risque de déficit devient donc plus important.
Du côté de nos assiettes, un nombre limité d’aliments contient des quantités significatives de vitamine D3. De plus, étant liposoluble, ces teneurs sont étroitement liées à la présence de matières grasses dans les aliments. Certains aliments tels que le foie de morue et son huile, les poissons gras (hareng, saumon, flétan, sardine…), les œufs ou encore les produits laitiers (notamment le beurre) contiennent de la vitamine D mais les quantités restent trop faibles pour couvrir l’intégralité de nos besoins uniquement par le biais de l’alimentation. L’administration de vitamine D par voie orale est une mesure simple et peu coûteuse. Préférez une complémentation en vitamine D3 100 % naturelle, issue de la lanoline (extraite de la laine de mouton) ou du lichen (source végétale très intéressante de vitamine D3), sous forme huileuse afin d’être plus facilement assimilable.
Références :
1. Nutriments. 2018 Nov; 10 (11): 1656. Publié en ligne le 3 novembre 2018. Doi: 10.3390 / nu10111656 PMCID: PMC6266123 PMID: 30400332 Vitamine D: nutriment, hormone et immunomodulateur Francesca Sassi , Cristina Tamone et Patrizia D’Amelio * |