Les champignons médicinaux font partie depuis des milliers d’années de la pharmacopée traditionnelle chinoise en raison de leurs multiples bienfaits sur la santé, si bien qu’une branche de la phytothérapie leur est entièrement consacrée : la mycothérapie.
Ces champignons médicinaux sont considérés comme des nutraceutiques puisqu’ils sont à la fois des aliments et des remèdes, les plus réputés étant d’ailleurs les champignons asiatiques, dont le reishi, le shiitake ou le maïtake.
La mycothérapie se concentre donc sur les champignons médicinaux comme objet de recherche et de développement de produits nutritionnels pour le maintien et l’amélioration de la santé humaine.
C’est une discipline en pleine expansion : parmi les 15 000 espèces de champignons identifiées dans le monde, environ 650 ont une valeur thérapeutique connue.
En Occident, la mycothérapie est une science relativement récente. Pourtant, la découverte fortuite en 1991 du corps d’un Homo sapiens européen vieux de plus de 5 000 ans (baptisé Ötzi), a permis de découvrir qu’il employait à des fins médicinales des morceaux de polypore du bouleau (Piptoporus betulinus).
Dès la fin des années 1990, les chercheurs se sont intéressés au traitement par les champignons et notamment aux propriétés du mycélium qu’ils contiennent. Ils ont découvert notamment que les champignons peuvent être d’excellents immunostimulants, et par ce biais, d’excellents antiviraux. Plus de 2 000 études valident les propriétés immunostimulantes, anti-inflammatoires, antitumorales ou encore antibiotiques des champignons.
Avant de comprendre comment la mycothérapie intervient dans l’immunité et en quoi les champignons médicinaux sont efficaces, il convient de faire un rappel sur le système immunitaire.
Le système immunitaire
L’immunité est l’ensemble des mécanismes physiologiques qui permet de reconnaître des substances comme étrangères ou anormales, de les neutraliser et de les éliminer. Elle est basée sur le fait que l’organisme est capable de reconnaître le soi, du non soi.
Il existe 2 types de réponses immunitaires :
les réactions non spécifiques (innées) et les réactions spécifiques ou adaptatives (acquises). On parle d’immunité acquise quand elle apparaît au cours de la vie d’un individu à la suite d’un contact avec un agent pathogène. Elle s’oppose à l’immunité innée que l’individu possède à la naissance et qui agit indépendamment de la nature de l’agresseur.
Dans ces 2 types de réponses immunitaires nous retrouvons les 3 grandes lignes de défenses :
• la 1ère ligne de défense (non spécifique) comprend une protection physique (kératine de la peau, mucus des muqueuses, cils, poils…) et une protection chimique (sébum, transpiration, acidité de l’estomac et vaginale, sécrétion lacrymale, salive etc.).
• la 2ème ligne de défense (non spécifique) comprend principalement la réaction inflammatoire (grâce aux globules blancs), les phagocytes (grâce aux médiateurs chimiques), les cellules tueuses naturelles (Natural Killer ou NK), le système du complément, la fièvre, etc.
• la 3ème ligne de défense correspond à une réponse spécifique à l’agresseur et elle est mémorisée dans le cas d’une nouvelle infection du même pathogène. Les réactions sont réalisées par des agents chimiques (anticorps) et cellulaires (les lymphocytes B et T).
Toutefois, l’activité de ces cellules est affectée par divers facteurs, notamment le vieillissement, le stress, la malnutrition ou encore une mauvaise hygiène de vie. Les changements de saison sont également considérés comme un facteur altérant la fonction immunitaire.
Ainsi, un défaut d’immunité favorise la survenue fréquente et chronique d’infections, une fragilité face aux tumeurs, aux allergies et aux maladies auto-immunes, de la fatigue chronique mais aussi une mauvaise tolérance aux vaccins.
Afin d’activer la compétence immunitaire, il est souhaitable d’éliminer les facteurs provoquant une diminution de l’activité des cellules immunocompétentes. La prise d’immunostimulateurs naturels tels que des champignons médicinaux est l’un des moyens d’activer la fonction immunitaire.
La mycothérapie au service de l’immunité
Les champignons contiennent plus de 150 éléments bioactifs dans leur structure ! Leur consommation nous fournit des vitamines, des acides aminés, des oligoéléments, des minéraux (tels que le sélénium et le zinc), des fibres, des phénols, des enzymes, des prébiotiques, des antibiotiques naturels, mais aussi des chaînes de sucres (les glucanes).
Le glucane est un polymère du glucose. C’est donc un polysaccharide qui agit comme un activateur de cellules immunitaires. Il est composé de monosaccharides D-glucose, reliés entre eux par des liaisons glycosidiques. Les glucanes peuvent être divisés en α (alpha-glucane) et β (bêta-glucane), en fonction de la géométrie de la liaison glycosidique.
Les β-glucanes (bêta-glucanes) sont entièrement constitués de D-glucose liés par des liaisons glycosidiques de forme bêta. On les retrouve en grande concentration dans les champignons asiatiques (shiitake, maïtake…) et les pleurotes. Les β-glucanes agissent sur plusieurs récepteurs immunitaires et déclenchent un groupe de cellules immunitaires comprenant les macrophages, les neutrophiles, les monocytes, les cellules tueuses naturelles et les cellules dendritiques. En conséquence, les β-glucanes peuvent stimuler la réponse innée et adaptative, ainsi que la phagocytose1.
Les α-glucanes (alpha-glucanes) quant à eux sont des liaisons glycosidiques de forme alpha. Parmi les alpha-glucanes, on retrouve un extrait breveté unique : l’AHCC® (Active Hexose Correlated Compound). L’AHCC® est un extrait de mycélium de shiitake riche en α-glucanes. L’AHCC® a été développé à la fin des années 1980 par la société de biotechnologie japonaise Amino Up Chemical, en collaboration avec des scientifiques de l’Université de Tokyo.
Un processus de culture de mycélium a été mis au point, au cours duquel les enzymes des cellules du champignon shiitake transforment les polysaccharides naturellement présents en α-glucanes de plus petite taille (5 000 daltons, contre plus de 100 000 daltons pour les polysaccharides biologiquement actifs présents dans les autres champignons crus). Grâce à leur petite taille, les α-glucanes sont mieux assimilés par l’organisme.
Ainsi, parmi les champignons médicinaux les plus étudiés et les plus riches en α et en β-glucanes nous retrouvons principalement le shiitake, le maïtake, le reishi mais aussi le pleurote.
• L’AHCC® issu du mycélium de shiitake
De nombreuses études ont mis en évidence l’action stimulante de l’AHCC® sur l’activité de certaines cellules immunitaires : les cellules dendritiques (régulant la réponse immunitaire2), les cellules NK (impliquées dans la défense contre les infections virales et les cellules cancéreuses3) et les lymphocytes T4. L’AHCC® est donc capable de maintenir l’immunocompétence contre les changements saisonniers, la baisse de la température et contribue à la prévention des affections hivernales, telles que le rhume et la grippe5.
Il induit également une activation précoce de la réponse immunitaire, conduisant à une élimination efficace des bactéries et à une récupération plus rapide6. De par sa faculté à agir sur le système immunitaire, cet actif peut accompagner un traitement médicamenteux luttant contre de simples infections saisonnières, mais il pourrait également être un complément salutaire lors de traitements contre de nombreuses autres infections pathogènes ainsi que dans le soutien nutritionnel de certains cancers7.
• Le maïtake
Le maïtake (Grifola frondosa) est un petit champignon brun à lamelle, qui se développe en grappes amalgamées sur les souches et les racines. Il est surnommé “le roi des champignons” et est très prisé dans la phytothérapie japonaise traditionnelle. C’est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Meripilaceae. Le maïtake a fait l’objet de nombreuses études en Extrême-Orient.
Très riche en β-glucanes, il possède des vertus antitumorales et immunomodulatrices8. Pris en plus de la chimiothérapie, les activités cellulaires immunocompétentes augmentent de 1,4 fois par rapport à la chimiothérapie seule9. Il est également très efficace pour contrer les effets des radicaux libres de l’organisme puisqu’il module les taux sériques des antioxydants primaires de l’organisme (superoxyde dismutase, glutathion peroxydase, catalase10).
Il semblerait que ce champignon présente également une incidence favorable sur l’hypertension liée à l’âge11.
• Le reishi
Le reishi (Ganoderma lucidum), également connu sous le nom “Ling Zhi” (plante de l’esprit en chinois), se développe naturellement de mai à novembre sur les arbres tels que les chênes, les érables, et les saules.
Le reishi tient une place capitale dans les médecines traditionnelles asiatiques : sa chair est utilisée depuis plus de 2000 ans en pharmacopée et il a même été rebaptisé “champignon de la longévité” du fait de ses puissantes vertus santé.
En effet, étant adaptogène, il agit à tous les niveaux de l’organisme. Il possède un puissant impact sur la vitalité et la résistance de l’organisme. Il est traditionnellement utilisé en cas de fatigue, de neurasthénie, d’affaiblissement ou en période de récupération.
Le médecin japonais Fukumi Morishige de l’institut Linus Pauling aux États-Unis, a étudié les effets du reishi sur les cellules cancéreuses. Il est arrivé à la conclusion que la composition du reishi peut avoir une influence bénéfique sur toutes les maladies liées à un affaiblissement des défenses de l’organisme.
• Le pleurote
Le pleurote est un genre de champignon basidiomycète caractéristique par son pied excentré. Il rassemble une cinquantaine d’espèces qui se développent dès le printemps entre mars et mai, puis à nouveau à l’automne sur les troncs et les souches d’arbres (tels que les hêtres, les chênes, les frênes, les ormes ou encore les peupliers) en touffes serrées et parfois très volumineuses. La plupart des espèces sont comestibles et plusieurs sont cultivées commercialement. L’espèce Pleurotus ostreatus, aussi appelée pleurote en coquille (ou en forme d’huître) est la plus connue.
Ce champignon renferme des quantités appréciables de vitamines et de minéraux, en particulier des vitamines du complexe B, du cuivre et des β-glucanes, ce qui en fait une supplémentation intéressante.
D’ailleurs, l’espèce Pleurotus astreatus existe en extrait breveté (PleraSAN®) aux effets cliniquement et scientifiquement démontrés.
Cet extrait contient de nombreux β-glucanes capables de se lier aux récepteurs des cellules macrophages, neutrophiles et monocytes, ce qui entraîne une stimulation de la phagocytose.
Il réduit la fréquence des infections des voies respiratoires supérieures dans les six mois suivant une complémentation. Enfin, il améliore l’état de santé des patients atteints d’infections virales et mycosiques récurrentes12.
Ainsi, dans certains cas et lors de certaines périodes, comme en cas de changements de saison, pour prévenir des affections hivernales (rhume, grippe…), en cas de défaillance du système immunitaire, pour les personnes sensibles aux infections chroniques ou récidivantes, en soutien du terrain lors de thérapies anticancéreuses, pour restaurer l’immunité après un traitement médicamenteux, en période de convalescence, de récupération ou encore en période de vaccinations, il peut être intéressant de se supplémenter et d’opter pour la mycothérapie.
Sources :
1. G. Chi-Fung Chan et al. The effects of β-glucan on human immune and cancer cells. Journal of Hematology & Oncology.
2. Terakawa, et al. (2008). Immunological effect of active hexose correlated compound (AHCC) in healthy volunteers: a double-blind, placebo-controlled trial. Nutr. Cancer 60, 643–651.
3. Kenner D. Treatment for immune dysfunction from post-traumatic stress disorder and chronic disease with AHCC. Townsend Letter for Doctors & Patients. 2001;221:68-72.
4. AHCC Activation and Selection of Human Lymphocytes via Genotypic and Phenotypic Changes to an Adherent Cell Type : A Possible Novel Mechanism of T Cell Activation.
5. Takanari, J et al. (2015). Effects of active hexose correlated compound on the seasonal variations of immune competence in healthy subjects. J. Evid.-Based Complement. Altern. Med. 20, 28–34.
6. Aviles, H., O’Donnell, P., Orshal, J., Fujii, H., Sun, B., and Sonnenfeld, G. (2008). Active hexose correlated compound activates immune function to decrease bacterial load in a murine model of intramuscular infection. Am. J. Surg. 195, 537–545.
7. Barry W. Ritz, PhD. Active Hexose Correlated Compound (AHCC) and Immune Outcomes in Humans. Natural Medecine Journal, January 2011.
8. Yamada Y, Nanba H, Kuroda H. Antitumor effect of orally administered extracts from fruit body of Grifola frondosa (maitake). Chemotherapy. 1990;38:790–796.
9. Kodama N et al. Can maitake MD-fraction aid cancer patients?Altern Med Rev. 2002 Jun;7(3):236-9.
10. Anti-Diabetic and Anti-Nephritic Activities of Grifola frondosa Mycelium Polysaccharides in Diet-Streptozotocin-Induced Diabetic Rats Via Modulation on Oxidative Stress.
11. Maitake Mushroom Extracts Ameliorate Progressive Hypertension and Other Chronic Metabolic Perturbations in Aging Female Rats.
12. MUDr.J. Straková, PhD., Head, Department of Clinical Immunology and Allergology, Faculty Hospital Martin, Slovakia, 2004.